En novembre 1963, alors que nombre de musiciens brésiliens partent faire carrière aux Etats-Unis pris d’amour pour la bossa nova, Baden Powell prend sa guitare et part pour… Paris. Idée des plus saugrenues : la France boude le raz-de-marée musical brésilien.
Mais Baden Powell n’a jamais marché dons le sens du vent. Et le vent n’a pas toujours raison. En effet, deux mois après son arrivée, Baden Powell se produit à l’Olympia et signe chez Barclay. Fin 1964 arrive dons les bacs à disques français l’impérissable « Le Monde Musical de Baden Powell”.
Le monde musical de Baden Powell
L’album impose d’emblée cet artiste sur le devant de la scène musicale française puis européenne. Son jeu résolument personnel et original, émerveille le public, fascine les musiciens.
Baden Powell n’est pas un guitariste ordinaire. Par son génie, par sa personnalité, par sa magie. Par sa formation également.
Initié à la musique à l’âge de cinq ans par un père violoniste amateur et scout convaincu (d’où le prénom incongru de son fils), Baden Powell suit les cours de guitare de l’excellent professeur Meira dès l’âge de six ans.
Après cinq années à travailler Tarrega, Sor, Segovia, Augustin Barrios, Garoto, Dilermando Reis, l’élève en sait plus que le maitre. Il entre alors au conservatoire. Bach, Chopin, harmonie, orchestration, arrangement, composition, tout y passe même ce qui n’est pas au programme. Car Baden vit dans la banlieue de Rio, à Sâo Cristovâo, haut lieu de la samba et du choro.
Affamé de musique en tout genre, il est de toutes les sérénades, de tous les bœufs, de tous les bols. Et pour parachever le tout, il y a la radio. C’est par elle qu’adolescent il découvre et tombe fou amoureux du jazz. Mille cordes à son arc, mille styles à sa guitare conduisent ce prodige à quitter l’école pour la scène à quinze ans.
Avec un tel bagage, Baden Powell, portait en lui tous les gènes de la bossa nova, fusion de samba et de jazz, sous influence classique et choro. Mais il ne s’est jamais reconnu dans ce mouvement musical. Il était trop libre pour s’assujettir à quelque mouvement que ce soit.
Musicien tout simplement il fut, toute sa vie, fidèle à ses racines diverses, à son héritage multiple, à ses amours éclectiques, voguant d’un genre musical à l’autre avec la même virtuosité et une façon bien à lui d’y apposer sa marque.
Reconnaissables entre mille, la technique et le son de Baden Powell restent inimitables, alors qu’aujourd’hui encore, il est le modèle absolu de tant de guitaristes dans le monde qui, de Sacha Distel à Laurent Voulzy, de Toquinho à Joao Bosco ne cessent de citer son influence majeure, voire son rôle de détonateur dans leur vocation.
Du séjour en France, prévu pour quelques semaines et qui dura presque une vie, reste une vaste discographie où se côtoient le meilleur et le moins bon : enregistrer, pour cet artiste, était souvent une noce plus financière qu’existentielle.
Ce double album parcourt l’univers musical composite de Baden Powell avec quelques unes des plus belles pièces de ses albums des années 60 (chez Barclay) et des années 70 (chez Festival).
Un répertoire où l’on reconnaît autant la griffe du guitariste que l’esprit et le son “maison” de Barclay puis de Festival. Car Baden Powell, aussi perfectionniste dans son jeu qu’indifférent ou devenir de ses enregistrements, une fois ceux-ci terminés, laissait à ses directeurs artistiques une entière liberté pour la suite.
Baden Powell est mort en septembre 2000 à 63 ans, après avoir noyé sa vie dons l’alcool. Reste son œuvre. Magnifique, intemporelle, éternelle.
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CREDITS :
Enregistré entre 1968 et 1974 – Barclay records – Festival records
- Bass – P. Masselier*
- Drums – A. Motta*
- Percussion – S. Silveira*
- Producer – J. Lubin*
- Drums – Nelson Serra De Castro
- Flute, Soloist – Raymond Guiot
- Guitar – Baden Powell
- Orchestrated By, Trumpet [Uncredited], Arranged By – Ivan Jullien
- Percussion – Silvio Silviera*