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Bill Evans et Tony Bennett se sont rencontrés pour la première fois à la Maison Blanche en 1962 lors d’un concert en l’honneur de John Kennedy. En coulisse, ils s’avouèrent leur admiration réciproque. « love Tony’s singing, dira le pianiste. Il fait partie des rares vocalistes qui ne cessent de progresser et développer leur art. »

L’idée d’un duo Tony Bennett Bill Evans, déjà suggéré par la chanteuse Annie Ross, est évoquée ce soir-là. Le rêve ne se réalisa qu’en juin 1975.

Après un tête-à-tête à Londres à l’initiative de Helen Keane pour décider du répertoire, choisir la tonalité et le tempo de chaque titre, ils se retrouvèrent dans le studio Fantasy de Berkeley avec l’ingénieur du son Don Cody.


Tony Bennett Bill Evans

En studio, se souvient Tony, il n’y avait que nous deux. Pour chaque nouvelle chanson, Bill passait trois quarts d’heure à chercher au piano ce qui aller le mieux convenir comme climat harmonique et rythmique.

Tony Bennett

C’était mon idée de faire un duo uniquement piano/voix, sans aucun autre instrument. Cet exercice casse-gueule m’effrayait quelque peu mais je savais que c’était la meilleure façon de créer entre nous une communication vraiment intime.

Bill Evans

Miracle ! La rencontre entre le pianiste et le crooner, sans filet, est la fusion idéale et radieuse de deux magiciens qui métamorphosent des standards archi-connus en véritables lie- der.

Tony Bennett
Tony Bennett Bill Evans

Bill Evans met toute sa science harmonique au service de la voix suave, râpeuse et blanche, admirablement timbrée, du chanteur italo-américain. Les volutes enfumées de cette chaude voix de baryton vagabondent en toute liberté sur les harmonies evansiennes.

Une fois encore, son impeccable diction, la précision de sa mise en place, son contrôle des dynamiques, sa maîtrise des nuances et de l’intonation, la paresse toute féline de son swing font merveille tout au long des neuf titres qui composent l’album original dont Bill était très fier :

Cela n’aurait pas pu se passer mieux. Dans la réédition CD, on a ajouté des prises inédites dont une version de Young and Foolish qui surpasse de loin en beauté la version publiée à l’origine. Comme Bill, je n’interprète jamais une chanson deux fois de la même manière.

Tony Bennett

Seize mois après, en septembre 1976, Tony Bennett Bill Evans se retrouveront en Californie pour enregistrer un second album et une autre merveille, “Together Again” qui sera publié sur Improv, label du chanteur.

Tony Bennett Bill Evans
Tony Bennett Bill Evans

Certains admirateurs du pianiste ont fait la moue devant un tel duo, mettant en doute sa pertinence artistique. Ainsi, dans son livre Portrait de l’artiste au piano (Birdland / Rouge profond), Enrico Pieranunzi, fin connaisseur de l’œuvre evansien, se désole que Tony Bennett « se serve » sans vergogne du génie harmonique du pianiste.

Il s’agace aussi d’« une certaine emphase un peu trop apparente » de son style vocal, regrettant qu’« un pianiste aussi pur » ait cédé à la tentation de s’approcher si « dangereusement d’une conception de la musique qui serait celle d’un simple divertissement ».

Que répondre ? Sinon que l’on aimerait que le « divertissement » atteignit plus souvent de tels sommets d’intelligence et de musicalité !

Sources : www.discogs.com – https://concord.com – www.jazzmagazine.com

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CREDITS :

Enregistré du 10-13 juin 1975 au Fantasy Studios, Berkeley, USA – Fantasy records

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