En 1999, Quentin Dupieux faisait rigoler la planète entière avec sa peluche Flat Eric. Il en a profité, sous le nom de Mr Oizo, pour écouler plus de trois millions de singles. En 2011, il est toujours en compétition avec « Stade 2″, un quatrième album sur le point de sortir chez Ed Banger. En nous livrant sa liste des dix disques qu’il emmènerait sur une île déserte, voici un peu plus de sa vision artistique.
Herbie Hancock – Sextant
C’est incroyable comme ce disque, qui date pourtant du début des années 70, est gavé d’électronique ! Un album pas du tout conventionnel, à la fois très hard dans sa texture, et deep au niveau du déroulement. J’ai mis beaucoup de temps à le découvrir – avant, je connaissais surtout la période electro-funk de Hancock. 8000 écoutes ne suffiront pas à me lasser. Il faudra une vie entière pour l’explorer.
Miles Davis – Big Fun
Là, c’est la période électrique de Miles Davis que j’affectionne. “ On the Corner ” et celui-ci, qui date de 1974 : l’année où je suis né – il se trouve que c’est également une année musicalement incroyablement prolifique.
Beastie Boys – Check your Head
Pour l’énergie, mais également pour la richesse musicale : il se passe plein de choses dans ce disque, ils peuvent enchaîner un morceau de rock alternatif avec un morceau de pur hip hop avec un passage jazzy… Et quand ils font du funk, c’est pas à la Jamiroquaï, ça remue vraiment. J’ai encore beaucoup aimé leur dernier album, mais j’y vois surtout une transition : on sent malgré tout qu’ils n’y croient plus à 100%, ils devraient passer à autre chose.
Portishead – Dummy
Je l’écoute inlassablement depuis cinq ans. Je me sens énormément d’affinités au niveau de la vision sonore, et j’adore la voix de la nana. Je pense que ma démarche est semblable à la leur, même si eux sont mélancoliques. Mon disque est plus brutal, plus sec.
Q-Bert – Wave Twisters
Sa virtuosité est impressionnante. Et d’un autre côté, en incluant à sa technique tout le côté accidentel des scratches, il parvient à rendre ses platines humaines. Rien qu’avec ses doigts, il rend un son long court, et inversement. J’aime le côté solo du scratch, c’est pour ça qu’il y a un DJ qui participe à mon album. La platine, c’est la guitare de l’an 2000 !
The Meters – Funkify your Life
Pour le son brut, le côté bricolé, comme ça venait du garage d’à côté, et pour l’énergie rock. Et quelle chaleur !
Motorbass Pansoul
Avec un sampleur, ils mélangent plein de textures variées, ce qui donne une richesse d’ensemble impressionnante, à la fois harmonieuse et belle. J’ai rencontré Etienne de Crécy sur le tournage du clip d’Alex Gopher, puisque je le réalisais. Ces gars de Solid sont extrêmement sincères. Autrement, je n’écoute pas de house…
James Brown – The Payback
Je voyais toujours ce disque chez plein de gens, et comme il a été samplé par une multitude de groupes, je le connaissais par petits bouts. Dès que je l’ai acheté, récemment, j’ai été accro. C’est du brut, le genre de funk que Sinclair ne pourra jamais faire : ici, il n’y a pas de pose ni de branlette, c’est du direct. Ca me fait regretter de travailler seul quand j’entends le son des JB’s.
Lyn Collins – Check Me Out If You Don’t Know Me By Now
Un disque universel, beau, avec une voix sublime. Ici, le funk vient des tripes, ce ne sont pas des vibrations en plastiques comme en délivre Ophélie Winter.
Raekwon – Only Built 4 Cuban Linx
Pour le côté sombre, brut, fourmillant. Un mélange de Portishead et de Meters, versant hip hop. 80% de ce que j’écoute, c’est du rap. Mais actuellement, le genre est en perdition, complètement bouffé par le blé. Et le rap français, je n’y vois aucune originalité : personne ici n’a la personnalité de Raekwon.
© vibrations magazine