Formés au milieu des années 90 autour du noyau dur, le percussionniste Martin Horntveth, de son frère multi-instrumentiste Lars (14 ans à l’époque), de sa sœur Line au tuba, et d’une myriade de musiciens en devenir, le collectif norvégien Jaga Jazzist a connu une notoriété grandissante suite à de nombreuses productions notamment au coté de Kim Hiorthoy, Bobby Hughes Experience, Bugge Wesseltoft, Motorpsycho, Big Bang, Euroboys, Jazzkammer, Biosphere, Supersilent, Alog et Lasse Marhaug. Le collectif ne connais aucune frontière s’adonnant à toutes les formes de musique, de l’électro au nu-jazz en passant par le rock.
Réputé en Norvège pour avoir contribué à pratiquement toutes les sorties des années 2000 de qualité dans le pays, Jaga Jazzist a souvent été comparé à des artistes aussi variées que possible – de Squarepusher, Isotope 217, Tortoise, Cinematic Orchestra, à Talk Talk, Soft Machine, Eric Satie, ou Don Cherry et Aphex Twin.
Jaga Jazzist A Livingroom Hush
Ce panorama résume à lui seul la variété et l’originalité du son de ce groupe. Jaga Jazzist est bien une collaboration unique dont l’arsenal compte trompettes, trombone, guitare électrique, basse, tuba, deux clarinettes basses, Fender Rhodes et vibraphone, et c’est cette combinaison d’instruments, avec parfois un son électro décapant, qui les démarque.
Nous voulions une grande formation, mais pas un big band jazz. Plutôt un groupe qui jouait de tout, du rock à la musique électronique, de la drum’n’bass à la musique classique, en passant par l’avant-garde. Tout. Nous avons progressivement monté le groupe avec des amis et des musiciens que nous n’avions jamais rencontrés auparavant, aux styles très éclectiques.
Martin Horntveth
En 2000, Jaga Jazzist est la nouvelle signature du label anglais Ninja Tune. Au line up, on retrouve en plus du noyau dur, la participation de Jørgen Træen à la production.
« Jørgen a changé tout le groupe », dit Lars. « Il a pensé à la musique sous un angle différent », interviendra Martin. « Jørgen a fait évolué notre musique dans une direction totalement différente ». « Il a pris différentes parties de ce que nous avions enregistré, les a retournées et les a changées », poursuit Lars, « en changeant le refrain, en changeant les couplets – en gros, il ne faisait que travailler à l’ordinateur, remixer. Jørgen est une combinaison rare de quelqu’un qui aime les trucs vraiment farfelus tout en comprenant quand une chanson est un single. On enlève cette barre ou on déplace celle-là, et soudain, une chanson devient super accrocheuse. J’ai un grand respect pour son savoir-faire pop et je pense que c’est aussi possible avec de la musique instrumentale ».
Lars Horntveth
Empruntant autant aux musiques dites classiques que contemporaines, l’album « A Livingroom Hush » est partagé entre iconoclasme et beauté, mélodies et avant gardisme, et tout ce qui peut qualifier une musique de haute volée.
Dans ce vivier de frissons, nous retiendrons plus particulièrement « Animal Chin » de par son beat survitaminé et ses doux sons émanant des vibraphone, flûte et cuivres discrets se mélangeant subtilement à l’évolution de plus en plus expérimentale du morceau.
Aussi, le très jazzy « Press Play » saura rallier les oreilles musicales à sa cause, « Low Battery » ravira les adeptes de trip hop avec son beat posé sur lequel viennent se poser de douces lignes de cuivre. Enfin, l’ombre de Squarepusher plane sur un « Midget » speedé.
Nous voulons que ça sonne libre, mais nous faisons très attention à ce que tout le monde n’improvise pas tout le temps. Ce serait le chaos total. Nous essayons de jouer le moins possible. C’est vraiment structuré. La plupart de notre musique est écrite sur partitions, et ensuite nous la libérons.
Martin Horntveth
Avec A Livingroom Hush, Ninja Tune semble revenir à ses débuts alliant à merveille les influences jazz et l’approche électro. Alors que les adeptes du label retrouveront le charme du passé, les autres trouveront dans cet opus une bonne occasion de partager ce disque avec leurs parents. Ninja Tune, tout en restant très qualitatif, se permet subtilement de réduire le fossé entre les générations.
Beaucoup de musiciens de jazz [en Norvège] pensaient que nous essayions d’être de bons musiciens de jazz. C’est faux. Maintenant, les gens comprennent que nous n’essayons pas d’être de bons musiciens de jazz, mais de bons musiciens de Jaga. Je n’écoute jamais de jazz. Mon frère, lui, en écoute beaucoup. D’autres membres n’écoutent que du rock.
Martin Horntveth
En 2003, les scandinaves de Ninja Tune reviendront à l’assaut des bacs avec un nouvel opus « The Stix ». Si la recette est quasiment la même pour ce nouvel essai, la petite troupe semble avoir mis un peu d’eau dans son vin en laissant entrevoir quelques repères rythmiques très utiles pour un public peu à l’aise avec ces deux courants musicaux, laissant ainsi une couleur très live à cette dizaine de compositions.
Jaga Jazzist reste, malgré cet album un peu plus accessible, un groupe pour oreilles averties et expérimentées. L’auditeur devra s’attendre à une forte couleur jazz, ici indissociable de la musique électronique. L’équilibre entre machines et hommes est parfait et ne ternit jamais le travail de ces dix musiciens.
Sources : www.theguardian.com – www.mowno.com – www.ninjatune.net
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CREDITS :
Enregistré en 2000 au Duper Studios, Bergen, Norvège – Smalltown Supersound Records
- Arranged By [Strings] – Lars Horntveth
- Bass, Keyboards – Even Ormestad
- Design [Sleevedesign] – Stateroom
- Drums, Drum Machine, Percussion, Keyboards – Martin Horntveth
- Electronics, Keyboards, Percussion, Synthesizer [MS20 Ghost] – Jørgen Træen
- Flute, Flute [Alto Flute], Tenor Saxophone, Bass Clarinet, Keyboards – Jørgen Munkeby
- Guitar, Effects, Synthesizer – Harald Frøland
- Mastered By – Audun Strype, Ingar Hunskaar
- Mixed By – Jørgen Træen
- Mixed By [With] – Andreas Mjøs, Lars Horntveth, Martin Horntveth
- Organ, Electric Piano [Fender Rhodes], Piano, Synthesizer [Roland Jupiter] – Ivar Chr. Johansen*
- Performer – Jaga Jazzist
- Performer [With] – Jørgen Træen
- Producer – Jørgen Træen
- Tenor Saxophone, Baritone Saxophone, Flute, Bass Clarinet, Acoustic Guitar, Guitar [Highstring], Keyboards – Lars Horntveth
- Trombone – Lars Wabø
- Trumpet, Keyboards, Double Bass [Upright Bass] – Mathias Eick
- Tuba – Line Horntveth
- Vibraphone, Marimba, Percussion, Drums, Keyboards – Andreas Mjøs
- Viola – Nils Olaf Solberg (tracks: 4, 9)
- Violin – Frode Sævik (tracks: 4, 9)