Comédie fantastique et iconique de Tim Burton, Beetlejuice raconte l’histoire de deux jeunes mariés qui, suite à leur décès, deviennent des fantômes hantant leur ancienne maison. Ils font alors appel à un « bio-exorciste » excentrique (Michael Keaton), afin de faire fuir les nouveaux occupants. Très loin de l’univers de Oingo Boingo (groupe dont il est alors toujours membre), Danny Elfman signe avec Beetlejuice sa seconde collaboration avec Tim Burton – et sa sixième musique de film.
En 1985, Danny Elfman n’a encore composé qu’une seule bande originale : celle de Forbidden Zone, film de son frère Richard qui relate les délires de leur groupe de rock The Mystic Knights of Oingo Boingo.
A sa grande surprise, Danny est pourtant contacté par un jeune réalisateur qui s’apprête à réaliser son premier long métrage, Pee-Wee Big Adventure. Dans un film aux dialogues squelettiques, la musique joue déjà un rôle central. Elle est surtout aussi cintrée que Pee-Wee lui-même, mêlant big band et comptines enfantines, sous l’influence de Nino Rota.
Nous aimions tous les films d’horreur réalisés dans les années 60 et 70. Son idole était Vincent Price, la mienne était Peter Lorre. En quelque sorte, cela nous a définis pour les trente années qui ont suivi : des âmes damnées torturées par un cerveau diabolique, toutes deux incomprises.
Danny Elfman à propos de Tim Burton dans Rolling Stone
Danny Elfman Beetlejuice
Le compositeur a beau être relativement novice dans le milieu, son style est déjà bien affirmé. Celui-ci consiste en une inventivité orchestrale hors-norme, une prédilection pour des rythmes frénétiques, et diverses références à deux de ses idoles : Nino Rota et Bernard Herrmann.
Tout ceci fusionne au sein d’une BO comprenant un nombre incalculable de genres musicaux : du tango (The Book/Obituaries ; The Wedding) à la valse (Lydia Discovers), en passant par la musique religieuse (The Incantation) ou la musique de manège (Showtime!).
Quant au thème principal (Main Titles), son aspect macabre et carnavalesque est resté dans la mémoire de tous les amoureux du film.
Introduite par des percussions caribéennes (steel drums) et un court clin d’œil à la chanson Day-O d’Harry Belafonte, la mélodie très fellinienne d’Elfman est ensuite interprétée par des cuivres, accompagnés de tambourins imperturbables, d’un piano déchaîné, de cordes virevoltantes, ou encore de clarinettes en folie.
Dans le final grandiose, les cuivres sont doublés par un chœur, le tout étant ponctué par des cymbales d’orchestre en surchauffe. Certains affirment qu’une bonne musique de film ne doit pas s’entendre. Danny Elfman n’a visiblement pas suivi ce conseil, pour notre plus grand plaisir.
Doté d’une écriture extrêmement ludique, l’Américain est capable de faire perdre la boule à tout un orchestre. Epaulé par le brillant arrangeur Steve Bartek, ex-guitariste d’Oingo Boingo, Elfman dirige des jeux musicaux à la perversité insidieuse, des bacchanales baroques qui dévoient les canons du romantisme hollywoodien, les violonades stridentes d’un Bernard Herrmann, le génie mélodique tarabiscoté d’un Nino Rota.
Le compositeur américain poursuivra dans le registre des bandes originales de film, livrant l’emblématique générique des Simpsons et signera la quasi-totalité des partitions des productions de Tim Burton : Batman (1989), Edward aux mains d’argent (1990) ou L’Etrange Noël de Monsieur Jack (1993).
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CREDITS :
- Composed By – Danny Elfman (pistes : 1 to 11, 13 to 19)
- Conductor – Bill Ross*
- Edited By – Bob Badami, Nancy Fogarty
- Mixed By – Bob Fernandez*
- Orchestrated By – Steve Bartek
- Photography By – Jane O’Neal
- Producer – Danny Elfman, Steve Bartek
Sources : www.qobuz.com - www.telerama.fr - www.lesinrocks.com - www.discogs.com