Enregistré en octobre 1972 au Carnegie Hall (New York) et publié début 1973, le double album Live at Carnegie Hall propose un instantané de la tournée donnée par l’auteur-compositeur-interprète américain Bill Withers dans le sillon de la sortie de son second classique, Still Bill. De l’incontournable Lean On Me au cultissime Ain’t No Sunshine, Withers signe avec ce recueil l’un des disques live les plus remarqués d’une décennie riche en classiques du genre.
Lorsque Bill Withers foule la scène du Carnegie Hall, ce soir du 6 octobre 1972, son aura élégante et cotonneuse semble le précéder de plusieurs minutes. Deux excellents albums à son palmarès et une foule énamourée pendue à ses lèvres, le trentenaire n’a plus rien du gamin à l’élocution hachée, terrorisé à l’idée d’ouvrir la bouche en public.
Bill Withers Live at Carnegie Hall
De cette époque traumatique, il a conservé une vulnérabilité douce qui fait mouche avec son audience. Cette heureuse antithèse d’un rutilant James Brown hurleur et transpirant opte pour un charme subtil, un timbre suave et lénifiant, qui mène, doucement, mais surement, les auditeurs vers l’extase musicale.
Entouré de Benorce Blackmon (guitare), Melvin Dunlap (basse), James Gadson (batterie), Bobbye Hall (percussions) et Ray Jackson au piano et aux cordes, Withers livre un set de quatorze titres voyant défiler les incontournables « Use Me », « Ain’t no Sunshine », « Grandma’s Hands », « Lean On Me » aux côtés de perles habitées comme « Hope She’ll Be Happier », « Better Off Dead » ou « I Can’t Write Left-Handed ».
L’entrée en matière quasi tantrique Use Me donne le ton. L’osmose entre l’artiste, son groupe infaillible, et un public qui en redemande est férocement palpable. Withers s’amuse, introduit les titres avec bagou, et dès les premières notes de chaque morceau, un soulèvement enthousiaste se fait sentir chez les spectateurs.
Le soulman passe avec classe de la soul au funk, du blues au folk, avec une aisance tranquille. Withers articule les choses – amour, indigence, guerre, famille… – comme elles sont, avec droiture, sans jamais jouer les pères moralisateurs. En résultent des tubes intelligibles et authentiques qui perdurent.
Cinq des quatorze titres sont inédits : les love songs passionnées « Friend Of Mine » et « Let Us Love », « World Keeps Going Around », la chanson anti-guerre « I Can’t Write Left-Handed » et « Cold Baloney », intégrée dans un rappel de 14 minutes avec « Harlem ».
Le titre funky – « Lonely Town, Lonely Street » issu de l’album « Still Bill » est suivi par son exact opposé, « Hope She’ll Be Happier With Him », une chanson post rupture. Le violoncelle s’intensifie tandis qu’il chante des paroles plus douloureuses – « …over the darkness I have no power…hope she’ll be happier with him… ».
Tout comme le simple LP « Donny Hathaway Live » de 1972, le double album « …Carnegie Hall… » de 1973 a acquis une réputation légendaire parmi les aficionados du genre.
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CREDITS :
Enregistré live le 6 octobre 1972 au Carnegie Hall et remixé au The Record Plant, Los Angeles – Sussex Records
- Arranged By [Horns, Strings], Piano – Ray Jackson
- Arranged By [Horns], Liner Notes, Producer, Written-By – Bill Withers
- Artwork [Back Cover Illustration] – Barron Storey
- Bass – Melvin Dunlap
- Co-producer – Bernorce Blackman*, James Gadson, Melvin Dunlap, Ray Jackson
- Creative Director – Milton Sincoff
- Design [Album] – Maurer Productions, Michael Mendel
- Drums – James Gadson
- Engineer [Assistant] – Gary Ladinsky
- Engineer [Remix, Recording] – Phil Schier
- Guitar – Bernorce Blackman*
- Percussion – Bobbye Hall
- Photography By [Front Cover] – Howard L. Bingham*
- Photography By [Inside] – Bob Gruen, Joe Harris (12)
Sources : https://markattheflicks.blogspot.com – https://boutique.hifi-group.com – www.discogs.com – www.qobuz.com