Barry Adamson s’est fait un nom sur la scène post-punk britannique en tant que bassiste de premier rang, avec Magazine et The Bad Seeds. Fin des années 80, il amorce une carrière solo. Quand « Oedipus Schmoedipus » sort en 1996, cela fait déjà dix ans que Barry Adamson vole de ses propres ailes. De Moss Side story (1989) à Soul Murder (1992), ses premiers albums sont une suite de B.O. pour films imaginaires, toutes inspirées d’une passion intime pour la véritable musique de film. Pour « Oedipus Schmoedipus », Barry puise dans le gospel, le rock et le jazz. Il s’offre la participation vocale de Jarvis Cocker (Pulp) et Nick Cave qui apportent panache et une certaine ironie pop.
Après mon départ des Bad Seeds, la première musique que j’ai faite, je l’ai composée chez moi. C’était une demo pour la bande originale d’un film imaginaire. J’avais la possibilité d’écrire la musique mais je n’avais pas les moyens de réaliser les images. J’imaginais une rue, quelqu’un qui erre. Puis, tout à coup, un type se met à courir comme un fou. J’ai fait aussi une reprise de la musique qu’Elmer Bernstein a composée pour L’Homme au bras d’or. Puis j’ai vraiment décidé de faire un disque de musique de film sans film. Comme une série de cartes postales sonores. Ça a donné Moss Side story, mon premier album.
Barry Adamson
Barry Adamson Oedipus Schmoedipus
Pour « Oedipus Schmoedipus », Barry puise dans le gospel, le rock et le jazz. Il s’offre la participation vocale de Jarvis Cocker (Pulp) et Nick Cave qui apportent panache et une certaine ironie pop.
«Something wicked this way comes» est la parfaite quintessence de son œuvre. Orgue, clarinette et cordes louvoient dans les ruelles sombres pavées par Lalo Schifrin, Henry Mancini et John Barry.
Sur « The Vibes ain’t nothing but the vibes », on est frappé par sa manière d’utiliser les canevas noirs de Bernard Hermann pour créer un jazz surréaliste.
L’histoire se poursuit dans une ambiance plutôt sombre ou l’on se faufile dans les rues nocturnes et Shaftiennes de « Achieved In The Valley Of Dolls » pour finir dans le « Big Bamboozle » sous une bonne escorte orchestrale rappelant le style big band de John Barry, en étant passés par le conte plutôt morbide « Vermillion Kisses ».
Si sa version de « Milestones » (Miles Davis), reprise sur un mode cool, sent la tentative commerciale, l’album évite la superficialité qui caractérise le revival lounge du milieu des années 90.
David Lynch ne s’y trompera pas. Un an après la sortie de l’album, sa voix résonne sur le répondeur d’Adamson : « Barry ? Je viens d’écouter ton album Oedipus Schmoedipus huit heures d’affilée. On a l’impression d’entendre les films d’Hitchcock dans sa tête. Je le veux pour mon prochain film. C’est de la soul cinématographique, petit. Fais-la breveter ! ». «Something wicked this way comes» devient ainsi le swing du club de striptease de Lost Highway.
Barry Adamson
Le réalisateur comprend parfaitement le langage cinématographique très moderne de l’ex-bassiste de Magazine et des Bad Seeds. «J’étais fan de Lynch, mais je n’aurais jamais pensé pouvoir travailler avec lui tant son association avec Badalamenti me paraissait aussi solide que le mariage Leone-Morricone».
Comme sur ses précédents albums, la priorité est aux climats, au montage, au mélange des musiques et des sons, avec un penchant prononcé pour les ambiances sombres, nocturnes, mais traitées avec une légèreté distanciée et une façon de mixer l’expérimental et l’easy-listening qui n’appartient qu’à lui.
Ce mariage sinistre et funky entre l’art rock et la soupe commerciale fait de Oedipus Schmoedipus le sommet fascinant de la « trilogie inconsciente » de Barry Adamson.
Sources : www.lesinrocks.com – www.magicrpm.com – https://lamediabxl.wordpress.com – http://www.xsilence.net – www.gutsofdarkness.com
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CREDITS :
Enregistré en 1996 au GT Eden (Wessex) et au Worldwide recording studios (London) – Mute Records
Oedipus Schmoedipus – Barry Adamson : arrangeur, compositeur, producteur, voix – Seamus Beaghen : Orgue, Piano – Carla Boslavich : Voix, composition – Nick Cave : compositeur, voix – Jarvis Cocker : compositeur, voix – Sly Dunbar : compositeur – Miranda Gooch : composition – Billy Mackenzie : composition, voix – Zeitia Massiah, Beverley Skeete, Roy « Royalty » Hamilton : Choeurs – Billy McGhee : arrangements violons – John Napier : compositeur, voix – Kevin Petrie : voix – Atticus Ross : programming – Ileana Ruhemann : flute (Alto) – Robbie Shakespeare : compositeur – Peter Wyman : Clarinette, Saxophone – Audrey Riley : arrangements violons – Kevin Metcalfe : ingénieur son – Oedipus Schmoedipus