Dix disques. Ceux que le pianiste Bugge Wesseltoft emporterait sur son île déserte, même si le fondateur du label norvégien Jazzland, entre électronique noire et jazz polaire, précise: «Je dois admettre que je préférerais ne pas avoir de disques avec moi, parce qu’il y a déjà suffisamment de musique autour de nous. Où que vous alliez. C’est pourquoi je préférerais emporter mon mélodica et quelques autres véhicules musicaux, histoire de me laisser inspirer par les vents tropicaux !»
J’avais seize ans, et ce disque fut une révélation à l’époque, en plein jazz fusion. L’atmosphère général, les vibrations, les musiciens, tout fait de cet album un chef-d’oeuvre dont je ne me lasse toujours pas après des centaines et des centaines d’écoute.
Stevie Wonder « Talking Book »
J’ai grandi avec cette musique. C’est un disque de mon père, qui était guitariste. Je me souviens encore quand il l’a rapporté à la maison. Et je ne suis pas prêts d’oublier ce chanteur qu’est Stevie Wonder. Mon préféré.
Miles Davis « Agharta »
Après «Kind Of Blue», j’ai tout acheté de Miles. TOUT‚ sauf ‘Bitches Brew’, je ne sais pas pourquoi. J’aurais pu choisir d’autres albums, tant sa discographie ne manque pas de références. Mais «Agharta» a un côté terriblement funky, avec Al Foster, Michael Henderson et Reggie Lucas.
Tony Williams « Lifetime Emergency »
A l’image de la pochette, cette musique freaky et hippie s’inspire tout aussi bien du rock psyché que du jazz d’alors. Et puis aux côtés de Tony Williams, il y a Larry Young, mon clavièriste préféré, et John McLaughlin, sans doute au meilleur de sa forme. En plus c’est un disque qui ne manque pas d’humour!
Herbie Hancock « Sextant »
C’est après avoir découvert cet album il y a huit ans que j’ai décidé de monter mon groupe. Un monument d’inventions sonores, avec plein d’effets électroniques enregistré en 1972. D’ailleurs quand je joue le premier thème et des DJ, ils sont estomaqués et chaque fois par l’avance qu’avait Herbie.
Roberta Flack « Killing Me Softly »
Tout comme «Talking Book», ce disque fait partie des meubles de la maison familiale. Et au-delà de la musique, cela ne me rappelle que des bons souvenirs, quand mon père et ma mère l’écoutaient le soir.
Stevie Wonder « Songs In The Key Of Life »
Celui-là, je l’ai acheté à sa sortie, comme un grand. Un très grand disque, avec de formidables chansons. Stevie Wonder est l’un des artistes noirs-américains les plus importants: tant pour sa façon d’écrire le r’n’b et la soul que pour sa manière de chanter dont s’inspire plus d’un aujourd’hui encore.
Ray Charles « Genious+Soul Is Jazz »
C’est le premier big band qui m’avait vraiment mis par terre. C’est l’orchestre de Count Basie, avec Quincy Jones aux arrangements. Ray Charles est incroyable aux claviers, et ne chante que sur un titre. Un truc de dingues, extrêmement groovy.
Jeff Mills « Transformer »
Le début de ma carrière dans l’électronique et ma première galette de Jeff Mills. Sans compromis, ni mélodie, ni facilités, mais vraiment intéressant et beau sous ses aspects «durs». Depuis, j’ai tout de Jeff Mills!
Maurizio « Main Street Recordings: Round One To Five »
C’est le genre de musique électronique que j’adore, sans la moindre fioriture. Ce n’est pas facile de créer un style aussi minimaliste qui soit aussi captivant. Il est finalement plus simple d’ajouter différents instruments que de faire, comme Maurizio, une musique dépouillée qui réussisse malgrés tout à être riche et profonde.
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