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Sœur de Caetano Veloso et de l’écrivain-poète Mabel Veloso, Maria Bethania représente la mère de cette MPB née au milieu des années 60 en prolongement de la bossa nova. Elle a fait de cette musique populaire au sein de la classe moyenne urbaine, un art ultime dont ce Recital Na Boite Barroco est une belle introduction. En 1968 lorsque parait cet enregistrement live, Maria Bethania n’est pas encore une icône mais déjà une chanteuse à la voix grave ensorceleuse, charismatique. Elle saisit à bout de voix les classique de la bossa comme les compositions originales.

Elle n’est pas une star dans son pays mais plutôt un mythe ! Celle qu’on surnommera Abelha-rainha (Reine des abeilles) en raison du premier vers de la chanson qui donne le nom à son disque de 1979 Mel (Miel) est considérée par beaucoup de Brésiliens comme l’une des plus grandes chanteuses de l’histoire du pays.

Originaire de la banlieue de Salvador (Bahia) au Brésil, Maria Bethania Viana Telles Veloso est la soeur du chanteur Caetano Veloso. C’est dans le sillage de ce dernier qu’elle débute sa carrière au début des années 1960 et se produit avec des artistes comme Gilberto Gil, Gal Costa et Tom Zé. Marqué par le tropicalisme ambiant, son premier album Maria Bethânia sort en 1965.


Recital na Boite Barroco (Maria Bethania)

Nommée par la chanteuse Nara Leão pour la remplacer dans l’émission Opinião, Bethania s’installe à Rio de Janeiro début 1965.

Dans les spectacles présentés entre 1966 et 1968, elle chante un répertoire éclectique comprenant des marchinhas, des sambas-canção et des boleros, en rendant hommage aux compositeurs et interprètes qui ont influencé sa carrière artistique, tels que Noel Rosa, Dalva de Oliveira et Aracy de Almeida.

Sans être affiliée à aucun mouvement musical, elle enregistre des auteurs liés à la bossa nova, tels que Tom Jobim, Vinícius de Moraes, Edu Lobo, et les tropicalistes Caetano, Gil et Torquato Neto.

Sur Recital na Boite Barroco, Maria Bethania met son imaginaire au service de son chant ombrageux et exigeant. Dotée d’une présence scénique singulière, elle est de ces voix qui demandent impérieusement l’attention de l’auditeur.

Recital na Boite Barroco (Maria Bethania)
Recital na Boite Barroco (Maria Bethania)

Sur « Maria, Maria » de Caetano Veloso, elle se perd en imprécations solitaires, ne laissant entrer la lumière que par une brève et saisissante percée des chœurs.

C’est à une chanson de Gilberto Gil, « Ele Falava Nisso Todo Dia », que l’on devra la seule incursion pop de l’album.

Avec une audace très personnelle, elle donne une lecture grandiose et éperdument romanesque du « Carinhoso » de Pixinguinha, qu’elle s’approprie sans déférence excessive.

Et que dire du swing ferme et légèrement jazzy qu’elle imprime à « Camisa Listada » d’Assis Valente, dont elle livre une reprise dramatique et d’une énergie communicative. Ces trois titres, écrits dans les années trente, sont d’immenses standards de la musique brésilienne au sens large, et du samba en particulier.

Le fait que Bethânia ait déjà consacré un EP à Noel Rosa en guise de premier disque montre que la réinterprétation des anciens est au Brésil un processus constant.

Recital na Boite Barroco (Maria Bethania)
Recital na Boite Barroco (Maria Bethania)

Plus étonnant, elle chante aussi des auteurs plus obscurs comme Billy Blanco ou Gustavo.

Si elle excelle dans les ballades, c’est quand son pouls s’accélère que s’ajoute une nouvelle dimension à ses interprétations, rendant palpable une tension prompte à exploser dès les premières secondes.

C’est souvent le cas pour ces quinze titres à l’exécution brève et assurée, au tempo parfois carré, donnant lieu aux fougueux emballements du Terra Trio, accompagnateurs passant allègrement de la complainte dépouillée et teintée de piano délicat à la clameur de sambas enlevées, ou à des rythmes plus binaires et enivrants comme « Marginalia II ».

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CREDITS :

Enregistré live entre avril et juillet 1968 au « Boite Barroco » – Copacabana, Rio de Janeiro – Odeon records

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