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Compositeur et arrangeur surdoué ayant taillé des hits sur mesure pour plusieurs pointures du Jazz des 60’s, David Axelrod a bientôt des envies solo. En 1968, il prend son envol avec Songs of Innocence, 1er album inspiré des poèmes de l’artiste mystique William Blake. Résultat. Un étonnant kaléidoscope de styles et de sonorités : guitares psychédéliques y croisent le manche avec des essaims de violons symphoniques, le tout porté par les baguettes ultra funky d’Earl Palmer.

Lorsqu’il enregistre en 1968 pour Capitol Records Song Of Innocence puis Songs Of Experience, diptyque inspiré par les visions du poète anglais William Blake et ses recueils du même nom, David Axelrod est l’un des producteurs montants du label avec des « poulains » tels que le saxophoniste Cannonball Adderley, le soulman Lou Rawls ou le groupe psyché-rock The Electric Prunes.

De jolis succès qui engageront le label à lui laisser les rênes le temps de trois albums visionnaires qui laisseront le public indifférent mais feront de ce musicien inclassable l’un des plus samplés par les têtes chercheuses de l’abstract et du hip-hop (de DJ Krush au label Stones Throw en passant par Cypress Hill, Jurassic 5 ou Mos Def), qui l’élèveront par le biais de ces hommages détournés au rang d’artiste culte.

Engagé comme directeur artistique par Capitol en 1963, Axelrod se frotte pour la première fois au succès en produisant le jazzman Cannonball Adderley – notamment le « Live at the club » de 1967 avec le tube Mercy Mercy Mercy.

Parallèlement, Axelrod a d’autres ambitions, dont celle de former un groupe qu’il pourrait animer comme des pantins et à sa guise, de manière à imposer à la pop culture des 60’s un peu d’érudition sous les guenilles débraillées des hippies à la carrière éphémère. C’est en résumé l’histoire des Electric Prunes, comète de Haley venue de L.A. qu’Axelrod prend sous son aile sur deux disques où les chants liturgiques se fondent dans des patterns de batteries mémorables et quasi tous redécouverts à l’aube des 90’s via A Tribe Called Quest, Lauryn Hill et consort.

En 1968, il prend son envol avec Songs of Innocence, 1er album inspiré des poèmes de William Blake.

Enregistré aux Capitol Studios de Los Angeles, avec un groupe de 33 musiciens, Song Of Innocence combine des cordes audacieuses et des fioritures orchestrales avec une section rythmique puissante composée du guitariste Al Casey, de la bassiste Carol Kaye et du batteur Earl Palmer – membres du groupe de musiciens de session de Los Angeles, The Wrecking Crew.

Sa marque de fabrique est identifiable en quelques mesures : des structures rythmiques complexes mais qui savent demeurer aériennes et fluides (et vous frapper à l’estomac par surprise) ; des sections de cuivres ombrageuses et des averses de cordes soudaines ; des éclairs de saxos, des farandoles de flûtes, des morsures de guitares fuzz mais jamais de bavures ou de postillons inutiles.

Le son Axelrod est au contraire sec, tranchant, moins spectaculaire mais plus spatial que du Spector, sans rapport en tout cas avec la mayonnaise progressive ou la béchamel jazz-rock dont ses contempteurs prétendent qu’il a initié les recettes.

Enfin, sa spécialité maison, ce sont les voix, ces chorales mixtes capables de transformer à la seconde un jerk diabolique en cantique pastoral.

Je suis un amoureux éperdu de la musique religieuse, qui est à l’origine de tout, et j’ai ensuite admiré Berlioz, Stravinsky, Ellington ou les Beatles. J’ai toujours procédé selon une méthode unique, en écrivant chaque partie dans ma tête, en sachant le placement de tous les instruments et de toutes les parties vocales à l’avance. Quand je pénètre en studio, j’ai déjà entendu en moi ma musique, il ne reste plus qu’à la jouer.

David Axelrod

Regardez « Holy Thursday » pour avoir un aperçu de l’écriture d’Axe dans sa forme la plus raffinée et gracieuse. La basse de Kaye se trouve au cœur de l’album alors que les cordes divines entrent et sortent, le reste de l’espace étant coloré par un vibraphone dansant, des coups de ciseau audacieux à la guitare et des houles de cuivres culminantes.

« Urizen » ressemble à une messe d’église en proie à l’extase dionysiaque, avec un rythme soutenu, des cuivres entraînants et des doigts qui s’entrechoquent sur les touches d’un orgue d’église.

« The Mental Traveler » combine une guitare western spaghetti, le bourdonnement d’un sitar et le tintement sourd d’un gong pour un effet magique.

Des moments plus doux comme « A Dream » côtoient des enflures de cordes atonales qui mettent les dents à vif. Les thèmes mélodiques persistent tout au long de l’album, faisant de Song Of Innocence un album plus grand et plus profond que la somme de ses parties.

« The Human Abstract », affublé d’une basse d’une élasticité impressionnante, de cordes pointues et de guitares acides, le tout porté par une rythmique tout en souplesse, sans oublier, bien sur, un thème récurent au piano accompagné de vibes récurantes et réverbérées… Ce morceau a fortement influencé Jean Claude Vannier un an plus tard pour les arrangements de… Melody Nelson de Gainsbourg.

S’aventurant aux frontières du kitsch sans jamais les franchir, les premiers albums solo d’Axelrod sont un étonnant kaléidoscope de styles et de sonorités : guitares psychédéliques y croisent le manche avec des essaims de violons symphoniques, le tout porté par les baguettes ultra funky d’Earl Palmer.

En 1970, Axelrod quittera son poste chez Capitol Records, continuera de produire d’autres artistes (Funk Inc, Betty Everett, Hampton Hawes, Sod, etc), se consacrant essentiellement à ses enregistrements solo — sept albums en dix ans.

Un disque-concept sur l’écologie, une réinterprétation du “Messie” de Haendel, Axelrod deviendra une sorte de Jack Nitzsche pompeux, puis un Quincy Jones zarbi, puis un Dennis Coffey cinglé, ses disques s’apparentant de plus en plus à des BO de Blaxploitation intello.

Il disparaîtra complètement des radars dans les années 80, seul son dealer ayant de ses nouvelles — quotidiennement. Ses disques végètent dans les bacs à soldes, et c’est comme ça qu’il sera réhabilité, puisque la terre entière se met à sampler ses vieux vinyles, de Dr Dre à Lil Wayne en passant par De La Soul, DJ Shadow, Lauryn Hill, Ghostface Killah, Cypress Hill, ScHoolboy Q ou Joey Badass.

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CREDITS :

Enregistré en 1968 aux Capitol Studios de Los Angeles – Capitol Records

  • David Axelrod – arranger, producer, vocals
  • Benjamin Barrett – musician
  • Arnold Belnick – musician
  • Harry Bluestone – violin
  • Bobby Bruce – musician
  • Al Casey – guitar
  • Gary Coleman – background vocals
  • Douglas Davis – musician
  • Alvin Dinkin – musician
  • Gene Estes – percussion
  • Anne Goodman – musician
  • Freddie Hill – trumpet
  • Bill Hinshaw – musician
  • Harry Hyams – musician
  • Carol Kaye – bass
  • Raphael Kramer – musician
  • Richard Leith – trombone
  • Arthur Maebe – horn
  • Leonard Malarsky – musician
  • Lew McCreary – horn
  • Ollie Mitchell – trumpet
  • Gareth Nuttycombe – musician
  • Rob Owen – reissue co-ordination (2000)
  • Earl Palmer – drums
  • Joe Polito – engineer
  • Don Randi – conductor, organ, piano
  • The Red Room – artwork re-generation (2000)
  • Nigel Reeve – reissue co-ordination (2000)
  • Allen Di Rienzo – musician
  • Howard Roberts – guitar
  • Vincent de Rosa – horn
  • Nathan Ross – musician
  • Henry Roth – musician
  • Myron Sandler – musician
  • Harold Schneier – musician
  • Sid Sharp – musician
  • Jack Shulman – musician
  • Henry Sigismonti – wind instrument
  • Marshall Sosson – musician
  • Tony Terran – musician
  • Pete Wyant – musician
  • Tibor Zelig – musician
Sources : http://velours-prod.com - www.indierockmag.com - https://gonzai.com - www.chronicart.com - www.liberation.fr - www.lesinrocks.com - www.lemonde.fr - www.surlmag.fr - www.uncut.co.uk - www.vice.com

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