Premier synthétiseur polyphonique, ancêtre du sampleur et de la boîte à rythmes, le Mellotron (contraction de MELO-dy Elec-TRON-ics) est un instrument légendaire. Au total, aujourd’hui, de l’ordre de 2.000 exemplaires du mellotron se répartissent à travers le monde.
Objet de culte et de curiosité, le Mellotron, clavier américain aussi surnommé « the Tron », a même fait l’objet de plusieurs documentaires, un à la BBC en 1999, narré par Rick Wakeman, et un en février 2009, Mellodrama, réalisé par la journaliste Dianna Dilworth. Mais ce qui est incroyable c’est que sa conception remonte à… 1960 ! Il a été immortalisé par des morceaux comme Strawberry fields forever (1967) et popularisé par des interprètes tels Elton John, Led Zeppelin, King Crimson, Tangerine Dream ou encore Genesis.
Le principe de fonctionnement du Mellotron (anciennement Chamberlin, du nom de son créateur, Harry Chamberlain) est simple : à chaque pression sur une touche de son clavier, il déclenche la lecture d’une bande magnétique de huit secondes, avant de revenir à sa position initiale.
Sur le panneau de contrôle, on pouvait choisir l’une des deux ou trois pistes des bandes que l’on voulait jouer, en les faisant basculer tête bêche. Les sons déclenchés sur ce principe sont des instruments de musique de plusieurs familles : flûte, violon, trombone, vibraphone, etc.
L’apparence de ce clavier avec ces pédales et son coffrage en bois en faisait un vrai orgue de théâtre. Environ 125 exemplaires furent produits. L’instrument (jusqu’en 1968) est séparé en deux claviers de 35 notes chacun, l’un pour les sons lead, et l’autre pour l’accompagnement (guitare, percussions), dans des styles prédéfinis (mambo, cha-cha), mais cette dernière spécificité n’encombrera pas l’esprit des premiers utilisateurs rock qui s’en servirent exclusivement pour ces sons de cuivres et de cordes, qu’on ne pouvait imiter à l’époque.
Les musiciens d’orchestre prirent peur devant les perspectives de chômage que dessinaient cette machine massive (plus de cent kilos) et étrange. Peu de risques de toute façon, car le nerf de la guerre, c’est la qualité de l’enregistrement, qui a ce côté pleurnichard caractéristique à tous les Mellotrons.
Le concept a été importé au Royaume Uni en 1962 par Bill Fransen, pour être perfectionné au fil de ses versions. Avec les frères Bradley (surtout Leslie Bradley, mais aussi Frank et Norman), ils fondent Streetly Electronicset construisent le Mark I, le premier Mellotron, produit à 60 exemplaires, puis le Mark II, fabriqué à 300 unités.
Tout en passant à une phase plus industrielle de construction, en 1966, Fransen récupère les droits de l’inventeur du Chamberlain. Le groupe The Moody Blues, fondé en 1967, devient instantanément un inconditionnel de l’instrument Mellotron.
L’année 1968 voit l’arrivée du M300, qui est rapidement abandonné, au profit du M400 (1970-1986), le modèle le plus pratique (55 kilos seulement) et le plus dépouillé (en coque blanche) qui soit. Sur ce modèle les sons sont sur stockés des racks interchangeables, ce qui accélère le changement de banque de son.
Quelques 1.800 exemplaires furent produits. En 1972, l’histoire hocquete puisque le Mellotron revient en sa terre d’origine, les États-Unis, où il est distribué par Dallas Arbiter. Fort de ce succès, le Mellotron est distribué aux Etats-Unis par Dallas Arbiter (renommé plus tard Dallas Music Industries) à partir de 1972.
C’est suite à la faillite de cet entrepreneur en 1977 que coexiste un modèle européen – dit Novatron – et le modèle qui a récupéré le nom Mellotron, fabriqué aux États-Unis.
En 1986, la fabrication du Mellotron s’arrête définitivement. Les samplers ont, semble-t-il, tués le Mellotron. Au milieu des années 90, la société Streetly Electronics renait de ses cendres pour permettre la maintenance et les pièces détachées nécessaires à ces vieilles machines.
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De nombreux groupes de rock comme radiohead, Marillion ou REM font découvrir le Mellotron à toute une nouvelle génération d’utilisateurs. Il faudra attendre 1998 pour que le Mellotron ne s’invite de nouveau dans les magasins de musique, grâce au passioné David Kean (le fondateur de Mellotron Archives), avec le Mark VI, basé sur le M400.
Enfin, en 2007, Streetly Electronics commercialise le M4000 et le M5000, qui entend reprendre la technologie là où le M400 s’était arrété.