Pour Barry Adamson, né d’une mère anglaise et d’un père jamaïcain, tout a commencé à Manchester. « L’endroit où je vivais est devenu depuis un vrai coupe-gorge. Mais les souvenirs que j’en garde sont plutôt chaleureux ».
« Y’avait pas beaucoup d’argent mais tout le monde s’entraidait. C’était comme une règle tacite: quand t’étais dans la merde, tu trouvais toujours quelqu’un qui te donnais à manger. Mais tout ça, c’était au début des années 70, avant que le quartier ait une sale réputation, qu’il s’y passe des trucs un peu plus dangereux ». (Barry Adamson)
Durant l’été 76, une vague musicale balaie toute l’Angleterre. Barry change de vie. « Le Punk a été un mouvement très puissant qui a influencé tous les musiciens. Moi, j’avais rien à voir avec la musique: je me préparais à devenir architecte ou un truc du genre. Et puis un jour je suis tombé sur une annonce qui disait qu’Howard Devoto cherchait à monter un nouveau groupe. Howard Devoto organisa avec Pete Shelley le concert. Ils étaient en avance sur tout le monde à Manchester. C’était déjà les Buzzcocks ».
Cette année-là, les Buzzcocks viennent d’assurer la première partie des Pistols et des Clash. Un an plus tard, ils prennent le nom de Magazine, Adamson les rejoint comme bassiste. Après la fin de Magazine en 81, et une collaboration avec les Bad Seeds de Nick Cave pour quatre albums (From Her to Eternity, The Firstborn is Dead, Kicking Against the Pricks, Your Funeral My Trial), Adamson quitte la formation.
Taraudé par une vision en cinémascope de la musique, il s’embarque pour une carrière solo en 88, déclinant depuis lors en six albums et quelques singles, une bande-son imaginaire parfois plaquée sur des images bien réelles (de Gas, Food And Lodging d’Alison Anders à Lost Highway de David Lynch en passant par Natural Born Killers d’Oliver Stone).
Inspiré par le travail de compositeurs comme Ennio Morricone, John Barry, Henry Mancini, Elmer Bernstein… il sort « The Man With The Golden Arm » en hommage à Bernstein et au merveilleux film du même nom réalisé par Otto Preminger en 1956*.
Pour la BO de Lost Highway, Barry dira : « Ça a été comme la confirmation que j’avais toujours cherché à faire et à expérimenter était le bon truc. C’était comme la fusion entre deux univers. C’était génial! Surtout qu’à l’époque, j’étais au fond du trou, j’me disais « laisse tomber! ».
J’ai l’habitude de mixer la musique en racontant des histoires imaginaires. Ça crée comme des ébauches de films… Ça ressemble à l’ambiance des vieux polars. Avec leur vision fataliste de la vie. Et aussi cette attirance pour les ténèbres et l’enfer. Moi j’aime parler de ça, parce que l’Enfer, je l’ai vécu!
En 2010, il sort son premier film « Therapist » dont il signe non seulement la musique, mais aussi le scénario et la production.
Le crooner funky Barry Adamson est devenu le Brian Eno de la B.O. Annonciateur du trip-hop, précurseur des sonorités moites et paranos d’un Tricky ou de Portishead, son funk cinématographique a même séduit David Lynch.