En 1977, Barry White Sings for Someone you Love, avec son inénarrable pochette poilue, arrive après une légère période d’essoufflement et s’efforce de renouveler la formule. Une ambiance et des arrangements plus feutrés, des chansons qui ne sont pas des machines à danser serrés mais des ballades engourdies, ralenties, taillées sur mesure pour les moments de baratin érotique et des harmonies plus classiques. C’est déjà presque le chant du cygne et un bel hommage aux grandes heures romantiques de la soul des années 60 et 70.
En 1973, alors qu’il vient de signer sur 20th Century avec ses deux groupes, Barry White publie en solo I’m Gonna Love You Just a Little More Baby, puis I’ve Got So Much to Give, deux titres qui font de lui une vedette instantanée et qui illustrent l’élégance noire urbaine de cette époque. Les lumières tamisées, les bouteilles de champagne à moitié vides et les draps froissés en satin vont de pair avec les chuchotements de White.
Barry White Sings for Someone you Love
Sa voix chaude fait des ravages dans les cœurs féminins avec des chansons aussi romantiques que Never Gonna Give Ya Up. Son style volontiers sensuel, aux paroles explicites et aux mélodies convaincantes, tend souvent à l’auto-parodie, mélangeant allègrement soul et pop.
Durant cinq ans, tout ce que Barry White enregistre rencontre le succès, que ce soit en solo, avec Love Unlimited, ou avec le Love Unlimited Orchestra qui l’accompagne sur tous ses enregistrements.
En 1973, le deuxième album de Love Unlimited, « Under the Influence of… » rivalise avec le son de Philadelphie en matière de soul symphonique. Love’s Theme ouvre l’album en beauté, joué par le Love Unlimited Orchestra.
Pour la première fois, un orchestre symphonique concourt au succès d’un titre de danse urbaine noire. Pourtant, à l’origine, le morceau n’est là que pour remplir l’album et personne n’y prête attention.
Les deejays de clubs new-yorkais sont les premiers à jouer le titre et, au mois de février 1974, Love’s Theme, sorti en single, est numéro un des classements américains.
La même année, White produit deux albums impeccables reproduisant les mêmes recettes. Le premier, « In Heat », de Love Unlimited, laisse entendre une musique disco féminine naissante et pleine de charme. Barry White vient de se marier avec Glodean James : il rayonne et fait rayonner le groupe avec des titres comme i Belong to You, chanté par sa femme.
Le second, « What Am I Gonna Do ? », de Gloria Scott alterne également ballades et morceaux plus enlevés pour le dancefloor.
Avec leurs guitares wah-wah, leurs quatre temps sur la grosse caisse, les cordes sucrées, les arpèges de piano et leurs basses syncopées, Oh I Should Stay, It’s Such a Beautiful Day et I Needed Love, You Were There illustrent l’ampleur orchestrale et disco de Barry White.
Ainsi, Barry White apporte à la musique disco naissante une touche symphonique et outrancièrement romantique, à l’image de titres comme Let the Music Play et You See the Trouble with Me en 1976. Il abuse des cordes, symboles de luxe au sein de la communauté noire et synonyme de grande pompe.
Après que des albums tels que Please et Is This Whatcha Wont ? (1976) aient disparu sans trop laisser de traces, White met fin à son extravagance musicale démesurée et revient à un style plus épuré.
Ainsi, Barry White Sings for Someone You Love sort en 1977 dans un style on ne peut plus décontracté. L’album s’ouvre sur le titre Playing your game baby, avec une orchestration impeccable et ultra efficace, un des titres les plus abouti de cet opus.
Le gros succès de cet album « It’s Ecstasy When You Lay Down Next to Me » est caractéristique du nouveau style de production de White et offre une performance vocale tout en retenue.
Le titre « Oh What a Night » lui permet de capturer le drame du R&B d’une décennie ou deux plus tôt en étant à la fois sensuel et romantique. « I Never Thought I’d Fall In Love With You » est luxuriant.
Quant aux ballades, « You Turned My Whole World Around » et « Of All the Guys in the World » sont toujours pleines de suggestions explicites. Une autre de ses particularités, les introductions ou interludes susurrés de bon nombre de ses morceaux. « You Turned My Whole World Around » en est le parfait exemple, tout en débordements érotiques et propositions indécentes.
Le style développé par Barry White est déjà épique, avec une instrumentation proche de celle de la composition classique, faisant interagir des violons, flûtes, ensemble de cuivre ou encore clavecins avec une batterie toujours présente et remplie de grooves, et parfois rien moins que cinq guitares électriques.
Sources : www.discogs.com – www.allmusic.com – www.udiscovermusic.com – www.barrywhiteofficial.com
###
CREDITS :
Enregistré en avril – juin 1977 – 20th Century Records
- Art Direction – John Georgopoulos
- Engineer, Engineer [Mix] – Frank Kejmar
- Orchestrated By – John Roberts
- Other [Spiritual Advisor] – Larry Nunes
- Producer, Arranged By, Engineer [Mix], Design Concept, Concept By [Cover & Album Concept] – Barry White
- Guitar, Emmett North, Jr.
- Bass, Nathan East
TITRES :
- Playing Your Game, Baby – Written-By – A. Johnson, S. Hudman
- It’s Ecstasy When You Lay Down Next To Me – Written-By – E. Paris, N. Pigford
- You’re So Good, You’re Bad – Written-By – A. Schroeder, J. Ragovoy
- I Never Thought I’d Fall In Love With You – Written-By – R.E. Coleman*
- You Turned My Whole World Around – Written-By – D. Pearson, F. Wilson
- Oh, What A Night For Dancing – Written-By – B. White, V. Wilson
- Of All The Guys In The World – Written-By – B. White, D. Pearson