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Aussi fou que sa pochette, Odelay, sorti en 1996, confirme le génie d’assembleur de Beck. Mais si Mellow Gold et son tubesque single Loser revendiquait ses allures lo-fi fauchées, Odelay assume ses moyens et sa production plus luxuriante. L’idée est pourtant la même : accoupler l’inaccouplable ! Funk sexuel, rock psyché, country blues salace, rap old school, folk bancal, easy listening clinquant, Beck colle et décolle tout ! Côté samples, c’est la foire à la saucisse et on croise les Them, Rare Earth, Mandrill, Mantronix, Sly Stone, Dick Hyman, Edgar Winter… Malgré cet état civil improbable, Odelay possède une réelle identité.

Quand sort Odelay (1996), le fils Hansen a vingt-six ans et une énergie de défricheur éblouissante. Deux ans plus tôt, il a fait paraître Mellow Gold (1994), fourre-tout jubilatoire traversé d’éclairs de génie, ainsi que deux disques de folk lo-fi malades, One Foot In The Grave (1994) et l’inaudible Stereopathetic Soulmanure (1994), s’imposant comme un modèle d’originalité et de dignité pour la nation indie.

Beck Odelay

Son ambition dépasse alors celle de la plupart de ses contemporains. Désosser le hard-rock, se défoncer la tronche au rap, verser dans les langueurs de tropiques fantasmés, retrouver le frisson des messes psychédéliques, dresser un temple à la gloire des ancêtres de la musique américaine : voilà ce que ce blanc-bec carnivore entend accomplir dans un même mouvement.

Odelay, c’est aussi la rencontre de Beck avec les Dust Brothers (John King et Mike Simpson) qui va donner l’élan créatif nécessaire à la gestation de cet opus.

Avec le duo King/Simpson aux manettes (déjà responsables du cultisime « Paul’s Boutique » des Beasty Boys), combiné au boulimique de musique qu’est Beck, le résultat est ahurissant.

Sous la férule des Dust Brothers, Odelay propose un fourre-tout stylistique étonnamment cohérent. Du folk, du garage rock, du country, de l’électro, du rap «vieille école», du noise rock, tous ces genres musicaux se côtoient, et ce, souvent au sein d’une seule et même chanson.

Beck Odelay
Beck Odelay

Devil’s Haircut combine un riff matraque (piqué au « I Can Only Give You Everything » des obscurs Little Boy Blues) et de nombreuses bizarreries sonores. The New Pollution débute avec une introduction easy listening avant de bifurquer vers une rythmique calquée sur Taxman des Beatles.

Where It’s At (titre emprunté à un manuel d’éducation sexuelle) est un heureux mélange de hip-hop et de funk et Jack-Ass est une ballade country directement inspirée de It’s All Over Now, Baby Blue de Bob Dylan.

Quasiment tous les morceaux contiennent au moins un ou deux samples de chansons déjà existantes (et essentiellement très peu connues, pas de hits utilisés ici, Beck ne cherche pas la facilité).

Parmi les samples utilisés, I Can Only Give You Everything du MC5, reprise par Beck, Life par Sly & The Family Stone, Out Of Sight par Them, une reprise du It’s All Over Now, Baby Blue par les mêmes Them, Needle To The Groove par Mantronix ou bien encore Inside-Looking Out par Grand Funk Railroad, ainsi que de la musique classique (8ème Symphonie, l’inachevée, de Schubert). Il y en à d’autres. Au final, deux chansons seulement n’utilisent pas de samples : Minus et Ramshackle.

Beck Odelay
Beck Odelay

De tous les disques absolument dingues de l’époque (et il y en eu quelques-uns entre bidouilles de sample, french touch, productions Dre, Bristol Sound, etc), « Odelay » reste le plus convaincant.

C’est celui d’un surdoué avec 170 de QI qui a passé au mixer 40 années de rock’n’roll pour en sortir l’essence crétine absolue, pur smoothie, tout ça avec la jouissance de faire son truc en triturant un vieux riff des Kinks avec une raquette de tennis devant la glace.

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CREDITS :

Enregistré entre 1994 et 1996 aux PCP Labs, G-Son Studios, The Shop, Sunset Sound – Geffen Records

  • Beck Hansen – vocals (all tracks), electric guitar (tracks 1–4, 6–12), slide guitar (track 2), acoustic guitar (tracks 3, 7, 13), bass guitar (tracks 1–4, 6–12), organ (tracks 1, 4–6, 8, 10), clavinet (tracks 2, 4), electric piano (tracks 6–8), moog synthesizer (tracks 2, 5, 6, 9, 12), harmonica (tracks 1, 2, 6, 7), drums (track 5), percussion (tracks 5, 10, 12), thumb piano (track 5), rhumba box (track 5), xylophone (track 7), turntables (track 9), echoplex (track 12)
  • Dust Brothers – turntables (tracks 1, 2, 6, 8, 12), drum machine (tracks 6, 12)
  • Joey Waronker – drums (tracks 3, 6, 9, 13), percussion (3, 9, 12)
  • Mike Millius – scream (track 3)
  • Mike Boito – organ (tracks 8, 10, 12), trumpet (track 8)
  • David Brown – saxophone (track 8)
  • Greg Leisz – pedal steel guitar (track 10)
  • Charlie Haden – upright bass (track 13)
  • Ross Harris – « (The Enchanting Wizard of Rhythm) » (track 2)

Production

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