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La nuit après le jour, l’hiver après l’été, c’est ainsi que se présente Vespertine, le successeur d’Homogenic. Une symphonie réalisée entre Reykjavik et New York, faite de comptines qui carillonnent sur les sons concrets du quotidien. Accompagnée entre autre du duo californien Matmos et de leur art du beat minimal, Björk nous transporte dans un monde onirique et hivernal.

Dès la fin d’Homogenic, Björk a en tête de faire un album qui serait en quelque sorte son opposé, calme et intime. Parallèlement à la réalisation de la B.O. de Dancer in the Dark, l’Islandaise dépêche une véritable armada de bidouilleurs de la laptop generation : Martin Gretschmann de Console, Thomas Knak, Bogdan Raczynski, Matthew Herbert et le duo californien Matmos.

Enregistré entre Londres, New York, l’Espagne, le Danemark et l’Islande, Björk et ses collaborateurs (Matmos et Marius de Vries) effectuent une myriade de prises de son à partir de différents matériaux et objets (jeux de cartes, pas dans la neige, craquements de bois, électricité statique sur des cheveux…).

Si les orchestrations prennent ici moins de place que sur les précédents albums, elles n’en sont pas moins sophistiquées. Pour preuve, cette musique de chambre électronique réalisée en grande partie sur un ordinateur portable sait aussi faire la part belle à l’acoustique d’instruments traditionnels comme le célesta et la harpe, cette dernière jouée par Zeena Parkins, une musiciennne issue de l’underground new-yorkais.

D’ailleurs, ces instruments d’un autre âge ont toujours participé du charme des plus belles chansons d’amour de Björk : souvenons-nous de « Like Someone In Love » sur Debut.

Björk Vespertine

D’entrée de jeu, le titre « Hidden place » évoque le repli sur soi, la pop-music comme position fœtale. Ainsi, Björk rappelle un de ses importants traits de caractère, que ses chansons casse-cou et ses frasques ont régulièrement éclipsé : la timidité. Humble, en retrait d’une mélodie qui enchevêtre chœurs célestes et beat aquatiques, Björk donne le ton de son album. « I’ve been slightly shy »

« Cocoon » est un paisible fouillis de beats, une comptine synthétique, de la neige à la fenêtre, des bruits domestiques et une Björk qui chante d’une voix remisée depuis l’inoubliable Birthday des Sugarcubes, la quiétude en plus.

Sur « It’s not up to you » le duo Matmos, avec leur science insouciante du détail, leur art du beat minimal, déchiqueté, maboul, offrent à la somptueuse luxuriance de cette chanson hollywoodienne un passionnant contrepoint. Là, miraculeusement, la hi-fi et la lo-fi dansent une valse à mille temps, pour célébrer cette réunion aussi flamboyante qu’étrange entre l’infiniment petit et l’irrémédiablement grand(iose).

Björk Vespertine

Le luxe et le dénuement de « Undo » se fréquentent en parfaite harmonie, une harpe gigantesque s’accordant parfaitement de la présence discrète d’une mélodie digitale de trois fois rien.

Avec ses gargouillis synthétiques qui remontent d’un bas ventre et son lyrisme, « Pagan poetry » aurait trouvé sa place au milieu des chansons les plus élancées de Homogenic. Accessoirement, une mélodie et une ambiance largement empruntées à l’album Hats des Ecossais de Blue Nile.

Sur « Frosti », la chute de neige possède sa petite musique à elle, que personne n’avait encore réussi à déchiffrer. Un petit cliquetis de glace et de lumière pâle, parfaitement capturé par Björk sur cet interlude.

Vespertine fourmille de craquements et de chuintements, renvoyant à la douceur d’un cocon aux rondeurs apaisantes.

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