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Après Rastaman Vibration en 1976, Exodus en 1977, le Jamaïcain sort en mars 1978 ce Kaya, dont les titres sont issus des mêmes sessions qu’Exodus, effectuées lors des premiers mois de son exil londonien début 77. Considéré comme son disque le plus léger, sans doute à cause de son thème, Kaya (marijuana en argot jamaïcain). Le disque débute d’ailleurs par le “Excuse me while I light my spliff ” d’Easy Skanking, comme si Marley assumait le côté B-side de ces chansons.

Début 1978, le parti au pouvoir, le People’s National Party, est en mauvaise posture. Le mécontentement croissant qui gronde dans toute l’île menace d’exploser à tout moment, et tous prédisent un dénouement catastrophique. C’est dans ce contexte que Bob Marley enregistre Kaya, collection de titres plus sereins histoire de calmer le jeu. Au programme, son amour pour Cindy Breakespeare (ancienne Miss Monde née au Canada, devenu la maîtresse de la star) et les spliff.

Bob Marley Kaya

Bob Marley, qui vit toujours en exil depuis la fusillade de Hope Road, se trouve à Londres lorsqu’il est contacté par trois de ses connaissances du monde politique jamaïquain – Claude Massop, Bucky Marshall et Tony Welch – qui lui proposent de participer à un concert pour la paix organisé à Kingston sous le nom de « One Love ». Marley, qui travaille alors sur ce qui va devenir l’album Bob Marley Kaya, accepte de retourner en Jamaïque pour ce concert.

Le «One Love Peace Concert», qui se déroule une nuit de pleine lune, le 22 avril 1978, au National Stadium de Kingston, est l’événement musical de l’année en Jamaïque.

Avec Bob Marley et ses Wailers, et seize autres formations à l’affiche, dont celle de Peter Tosh, le stade, encerclé par des forces de sécurité armées, est rempli d’un public issu de toutes les couches de la société jamaïquaine et des quatre coins de l’île, et qui inclu le Premier ministre Michael Manley et le leader de l’opposition Edward Seaga. Tout le monde, y compris Mick Jagger venu à Kingston pour y retrouver Peter Tosh, veulent voir Bob Marley, et tout le monde a envie de faire la paix.

Le point culminant du «One Love Peace Concert», une scène devenue presque un cliché dans l’histoire de la musique jamaïquaine, est indiscutablement le moment où Marley, au milieu de Jamming, demande à Manley et Seaga de le rejoindre sur scène.

Michael Manley, Edward Seaga et Bob Marley
Michael Manley, Edward Seaga et Bob Marley Kaya

En dansant comme un derviche, Marley improvise un mélange de chansons et de discours. Les deux leaders, un peu patauds à ses côtés, acceptent que l’idole du reggae leur joigne les mains au-dessus de sa tête en annonçant « One Love».

Avant de retourner en Jamaïque fin février, Marley et les Wailers ont enregistré la plupart des morceaux de l’album « Kaya » dans l’«abri antiatomique», au QG d’Island sur St Peter’s Square.

En offrant une collection de chansons beaucoup plus sereines et commerciales que d’habitude, tous prévoient que Bob sera accusé de compromission – ce qui fut le cas. Inflexible sur son droit à explorer différents styles, Marley défend sa certitude qu’un artiste doit mener plutôt que suivre la foule.

Cindy Breakespeare et Bob Marley
Cindy Breakespeare et Bob Marley Kaya

Bob Marley profite de ces sessions pour revisiter sa période Lee Perry, avec d’abord le morceau-titre Kaya, pour une version ciselée sans la délirante guitare flamenco de Scratch, comme un symbole de l’influence d’Island – au détriment du romantisme diront certains… –, tandis que Sun Is Shining, plus éthéré que l’original, prend de l’envergure et du piquant avec la guitare électrique de Junior Marvin.

Sur la face B de l’époque, on trouve également She’s Gone, une chanson d’amoureux éconduit, Crisis, qui ressemble à un spin-off né d’une répétition d’Is This Love, ou le “rastaman chant” Time Will Tell, rythmé par le tambour nyabinghi.

Le disque se conclut de manière pince-sans-rire avec Smile Jamaica, titre composé en vue du concert du même nom du 5 décembre 1976, au National Heroes Park de Kingston en Jamaïque, auquel Bob Marley avait participé deux jours après s’être fait tirer dessus…

Bob Marley Kaya
Bob Marley Kaya

A sa sortie, malgré les critiques, la machine à hits que sont les Wailers frappe encore. L’album contient deux des tubes les plus populaires de leur discographie, Is This Love et Satisfy My Soul – il sera certifié double platine en France et disque d’or aux USA.

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CREDITS :

Enregistré de janvier à avril 1977 aux studios Island de Londres – Tuff Gong / Island Records

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