L’album blanc de Joao Gilberto, impressionniste jusqu’à l’évaporation

Comme souvent chez Joao Gilberto, l’innovation ne vient pas du répertoire mais de l’interprétation. Après tout, Miles Davis ne disait-il pas de lui qu’il pouvait “bien sonner même en lisant l'annuaire" ? Sur cet opus, Joao Gilberto prolonge et radicalise sa démarche, celle de l’épure de la samba, allant vers encore plus d’introspection, donnant à sa musique une dimension presque méditative.

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B.O. de Saturday Night Fever (Bee Gees), disco quintessence

En 1975, les Bee Gees sont en passe de devenir des has-been. Dix ans après un départ fulgurant semé de balles comme I Started A Joke, Love Somebody ou Massachussets, le groupe a épuisé toutes ses cartouches dans un chef-d'œuvre méconnu (« Odessa ») pour se retrouver à la traîne des modes, entre soul délavée et pop essorée (« Trafalgar »). Seulement, les Australo-britanniques sont du genre persévérants.

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Sign ‘O’ The Times (Prince), album phare, écartelé entre les genres, génial et décousu

En 1986, après la sortie de Parade et la mise en boîte de sa fantaisie hollywoodienne, Under the Cherry Moon, on ne le tient plus. Il se fait construire un palais – Paisley Park – dans les environs de Minneapolis, organise une ronde incessante de musiciens autour de lui, enregistre jour et nuit. De ces sessions naitra un triple album dont le label obtiendra qu’il le condense en quatre faces : Sign o’ the Times, ultime chef-d’œuvre.

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Afreaka (Demon Fuzz), étrange décoction de funk progressif made in UK !

D’abord connu sous le patronyme de Blue Rivers and the Maroons, Demon Fuzz ou les « enfants du diable » livre en 1970 un LP intitulé Afreaka ! comme un cri multiculturel rappelant la richesse de leurs influences Funk, Soul, Afrobeat, Jazz, Rock Psychédélique, Blues, etc. La combinaison est subtile, inédite, surprenante. Comme Cymande, autre groupe de funk britannique tout aussi culte, Demon Fuzz possédait bien des qualités pour percer. L’histoire en voudra autrement.

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African Rhythms 1970-1982 (Oneness of Juju), chaînon manquant entre Pharoah Sanders et Kool and the gang

Oneness of Juju est une comète qui a traversé le ciel des années 70, et qui n’a jamais cessé sa course depuis. Le groupe, rebaptisé Plunky and Oneness en 1988 continue d’exister sous la houlette de l’un de ses fondateurs, le saxophoniste James Plunky Branch. African Rhythms 1970-1982 retrace le parcours de ce groupe explosif, à travers ce concentré de morceaux dansants où l’afro-jazz se mêle au funk, au blues, à la soul et aux polyrythmies de la batucada brésilienne.

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A Livingroom Hush (Jaga Jazzist), une émeute sonore

Formés au milieu des années 90 autour du noyau dur, le percussionniste Martin Horntveth, de son frère multi-instrumentiste Lars (14 ans à l'époque), de sa sœur Line au tuba, et d'une myriade de musiciens en devenir, le collectif norvégien Jaga Jazzist a connu une notoriété grandissante suite à de nombreuses productions notamment au coté de Bugge Wesseltoft, Motorpsycho, Big Bang. Le collectif ne connais aucune frontière s’adonnant à toutes les formes de musique, de l’électro au nu-jazz en passant par le rock.

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Love and Death (Ebo Taylor), symbole de la musique moderne ghanéenne

Moins connu que son compère Nigérian Fela Kuti, le Ghanéen Ebo Taylor est une figure majeure du highlife, proche inspiration de l'afrobeat. Découvert tardivement en Occident, Ebo Taylor, accompagné par l'ensemble allemand Afrobeat Academy, sort en 2010 son premier album international Love and Death, composé de titres anciens et de nouvelles compositions.

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Gone Clear (Manu Dibango), kingston escale with Sly & Robbie

Gone Clear, premier des deux albums reggae du légendaire saxophoniste camerounais Manu Dibango est enregistré avec Sly & Robbie, quelle drôle d'idée pour le pape de l'afro-jazz d'aller fricoter avec des musiciens jamaïcains qui à l'époque n'avaient pas 30 ans et se moquaient comme d'une guigne de la musique africaine, lui préférant la soul et le funk de Philly Sound...

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L’homme à tête de chou (Serge Gainsbourg), album concept round 2

L'Homme à tête de chou est cette sculpture de Claude Lalanne que l’on sait installée rue de Verneuil. C’est aussi le troisième album concept de Gainsbourg, enregistré sous la direction artistique de Philippe Lerichomme. Un disque incontournable pour toute une génération, éclectique et inventif.

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Aux armes et caetera (Serge Gainsbourg), phrasé « talk over » et rythmiques reggae

À l'époque où Serge Gainsbourg décide d'enregistrer aux armes et caetera, sa cote d'amour navigue à marée basse, ses derniers disques - Rock Around the Bunker, L'homme à tête de chou - étant autant d'échecs commerciaux. Seule sa maison de disques Philips semble encore croire en lui en tant qu'interprète.

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After the Gold rush (Neil Young), l’esprit de Topanga Canyon

Troisième disque solo, After the Gold rush renferme certaines des plus belles chansons du loner, captées essentiellement dans sa maison de Topanga Canyon, en Californie. Entre désillusion et confusion, son écriture monte d’un cran, ses mélodies folk rock touchent au sublime tout comme les harmonies vocales. Époque oblige, l’utopie hippie reste sa préoccupation, tout comme l’engagement politique au cœur du fameux hymne anti-redneck Southern Man. After the Goldrush est un album magique dans son parfait équilibre entre rock, folk et même country, un alliage dont Neil Young restera l’un des plus brillants artisans.

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The Dark Side Of The Moon (Pink Floyd), chef-d’œuvre floydien

Lorsque EMI publie The Dark Side Of The Moon le 24 mars 1973, d’innombrables fans du Floyd en ont déjà entendu des extraits. Peu d'entre eux se doutent que ces nouveaux titres de leur groupe fétiche se vendront à plus de 25 millions d’exemplaires et que Pink Floyd deviendra un dinosaure, un titan mondial, presque une marque déposée.

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Sticky Fingers (The Rolling Stones), l’album des deux Mick

À bien des égards, Sticky Fingers marque un nouveau départ pour le groupe : c’est le premier album à paraître sur son propre label, Rolling Stones Records, et le premier enregistré avec Mick Taylor qui vient de rejoindre le groupe. Outre son jeu de guitare, il est l’artisan avec Jagger de nombreuses chansons. C'est un peu "l'album des deux Mick ».

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Turn This Mutha Out (Idris Muhammad), extase disco pour dance-floor averti

Idris Muhammad représente un cas à part dans l'histoire de la musique noire. Peu connu des amateurs de jazz jusqu'à sa collaboration avec Ahmad Jamal, il a mené une double carrière tant dans le jazz que dans la musique populaire. Sorti en 1977, “Turn This Mutha Out”, est une de ces pépites oubliées des glorieuses 70's totalement décomplexées et taillées pour la danse, ne négligant pas pour autant le geste musicien à commencer par la friandise discoïde qui ouvre l’album, Could Heaven Ever Be Like This.

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Smiling & Waving (Anja Garbarek), pop futuriste et spleen velouté

Avec Smiling & Waving, son troisième album, la norvégienne Anja Garbarek se démarque de ses précédents opus. Entourée de deux anciens membres de Japan (Steve Jansen et Richard Barbieri) et Mark Hollis de Talk Talk, elle mêle avec une touche unique de sombres univers : sonorités futuristes, musique de cabaret, jazz, joués sur des instruments traditionnels comme violon et piano dans une pop intimiste chargée de spleen.

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Acabou Chorare (Novos Baianos), un enthousiasme contagieux

Au départ, les Novos Baianos se posent dans la droite lignée des tropicalistes, alors en exil : guitares bourdonnantes, psychédélisme enjoué et orchestral. Jusqu’à ce qu’un visiteur pour le moins étonnant vienne frapper à la porte de leur communauté hippie dans la Zona Sul de Rio. Son nom: Joao Gilberto, co-inventeur de la bossa nova et légende nationale.

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Greetings from Asbury Park, N.J. (Bruce Springsteen), premier album solo du Boss

Après avoir quitté Steel Mill, son groupe de hard rock, le jeune Springsteen entame l’écriture de son premier album solo. Les textes, tirés de ses expériences personnelles, marquent un changement radical dans son écriture. Emmené par « Blinded By The Light » et « Spirit in the Night » et leurs arrangements résolument jazz, Greetings est à mi-chemin entre un folk Dylanesque et l’exubérance rock de Van Morrison.

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Mother Earth’s Plantasia (Mort Garson), totem pour tout fan de synthé Moog

En 1976, Mort Garson, pionnier de la musique électronique à qui la chaîne CBS a commandé une bande-son pour la retransmission de la mission Apollo 11, sort Mother Earth's Plantasia, sous-titré « warm earth music for plants… and the people who love them ». Trente minutes d’instrumentaux mélancoliques au Moog en hommage au bégonia ou à la violette africaine, pas si éloignées des flâneries électroniques d’un François de Roubaix époque Chapi Chapo.

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Funky Stuff (Jiro Inagaki & Soul Media), crème du rare groove japonais

Parmi les productions de jazz fusion nippone, l’opus instrumental de Jiro Inagaki & Soul Media Funky Stuff atteint des sommets. Cet album jazz-funk qui se veut résolument afro-américain, allie l'éclat du jazz rock et l'élasticité de la great black music.

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Morrison Hotel (The Doors), entre blues éraillés et ballades vaporeuses

En 1969, les Doors déboussolent leurs fans en changeant leur fusil d’épaule avec The Soft Parade. Sur cet album moins viscéralement rock’n’roll, Jim Morrison ne signe que la moitié des compositions et le guitariste Robbie Krieger prend l’ascendant côté plume et étoffe même l’instrumentation du groupe californien.

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Arthur Verocai, quand le Hip-Hop exhume un géant endormi

Si la musique d’Arthur Verocai n’avait pas été samplé par des rappeurs et autre crate-diggers tels Ludacris ou Snoop Dogg, son unique disque serait peut-être resté ce « géant endormi ». Savant mélange de jazz, funk, rock, bossa nova et de discrètes touches psychédéliques, l'unique album solo d'Arthur Verocai défie à la fois les conventions musicales de l’époque et la censure.

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What’s Going On (Marvin Gaye), chef-d’œuvre de soul engagée

Alors que l'Amérique se bat avec ses propres démons, intérieurs (la ségrégation) et extérieurs (le Vietnam), Marvin Gaye publie un chef d'œuvre de soul consciente. Avec sa prose engagée, What's Going On qui parait le 21 mai 1971 sort le label Motown du gentil rêve américain pour le confronter aux réalités de son temps. Marvin Gaye fait groover son serment politique et social comme nul autre. Une magistrale symphonie, savamment dosée, où les cordes hypnotisent le rythme et les chœurs.

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Music of my Mind (Stevie Wonder), album révolutionnairement synthétique

Fruit d’une session marathon en compagnie des pionniers de la musique synthétique Malcom Cecil et Bob Margouleff, la paire de techniciens va concevoir avec Stevie Wonder près de deux cents départs de morceaux durant une période de douze mois. La crème de ces maquettes deviendra Music Of My Mind, un album révolutionnaire sorti en 1972, neuf chansons qui témoignent d'une autonomie mais aussi d’une époustouflante phase créative.

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Bande sonore du parrain (Nino Rota), un recyclage magistral !

Si Nino Rota est l’auteur de quatre symphonies, onze opéras, neuf concertos, il est surtout connu pour avoir écrit quelque 170 bandes sonores pour le cinéma. Le septième art reste l’essentiel de son répertoire notamment celui de Fellini. Pour le Parrain de Francis Ford Coppola, Nino Rota signe une de ses œuvres les plus magistrales, entre opéra et complainte folklorique sicilienne.

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James Brown The Payback, chant de colère, de revanche et chant du cygne

De bien tristes circonstances rappellent James Brown au travail. Au lendemain de la mort accidentelle de son fils en voiture, il se jette à corps perdu pendant tout l’été 73 dans la conception de ce qui doit théoriquement encore être la musique d'un film, Hell Up In Harlem. Curieusement les producteurs n'en voudront pas. « pas assez funky ». De façon caractéristique, ce jugement imbécile motivera Brown, qui sortira l'album sous le nom de The Payback.

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White album (The Beatles), fourre-tout grandiose aux antipodes du psychédélisme ambiant

Le 22 novembre 1968, les fab four publiaient un neuvième album double et blanc, fourre-tout grandiose enregistré dans une période de tumultes. A cette époque, les quatre font leur révolution. Pas celle des étudiants descendus dans les rues pour signifier leur ras-le-bol de ce qu’incarne les adultes. C’est avec eux-mêmes que les Beatles en décousent.

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Requiem for an Almost Lady (Lee Hazlewood), la country devient baroque

Lee Hazlewood est un de ces hors-la-loi de la norme et du classement. Si pour le quidam, le nom du moustachu évoque vaguement quelque chose c’est souvent exclusivement le tandem qu'il forma avec Nancy Sinatra. Hazlewwod est pourtant bien plus que ça. Un compositeur, chanteur, musicien, arrangeur, patron de label (LHI) et producteur brassant des influences multiples.

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Rashida (Jon Lucien), une tempête tropicale…tranquille

Doté d'une voix de baryton riche et expressive, ses chansons sont des récits poétiques empreins d'espoir, d'harmonie et de spiritualité. Des paraboles d'un amour perdu, d'un amour retrouvé et de relations pleines de promesses. Avec un style qui n'appartient qu'à lui, il mêle R&B, pop, soft jazz à des rythmes caribéens et brésiliens. Une tempête tropicale tranquille.

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Ghetto: Misfortune’s Wealth (24 Carat Black), opéra conceptuel soul devenu culte

Adopté au début des années 90 par la scène groove britannique et plus tard samplé par Digable Planets et Jay-Z, Ghetto : Misfortune's Wealth est le premier et unique LP du collectif 24 Carat Black. L'album concept du producteur et compositeur Dale Warren, sorti à l'automne 1973, a même mis au défi son public cible de l'adopter.

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Fulfillingness First Finale (Stevie Wonder), album de transition

Album de transition entre le sommet créatif d'Innervisions et le monumental Songs In The Key Of Life, Fulfillingness' First Finale est le fruit de compositions ébauchées depuis son indépendance artistique lors des sessions de « Music of My Mind », enrichi de deux nouveautés, le message politique You Haven’t Done Nothin adressé au président Richard Nixon et le funky Boogie On Reggae Woman, censé inciter les Américains à tourner leurs oreilles en direction de la Jamaïque.

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