Touche-à-tout génial de la musique pop britannique avec ses groupes Blur et Gorillaz, Damon Albarn est saisi par la grâce en visitant le Mali en 2000. Il fonde le collectif Africa Express, rencontre de musiciens de trois continents mettant les artistes maliens à l’honneur. Fasciné par ce premier voyage, bercé par ses rencontres musicales, il va composer une musique onirique à souhait. Le projet aurait pu donner un ovni commercial insipide, mais c’est un carnet de voyage musical surprenant.
En 2001, l’ONG britannique Oxfam demande à Damon Albarn de la représenter au Mali. Le chanteur choisit de faire un disque avec quelques artistes du pays (Toumani Diabaté, Afel Bocum, Ko Kan Ko Sata Doumbia, …). Après une initiation discographique aux mélodies maliennes, le jeune homme part avec deux magnétophones DAT et un mélodica pour Damon Albarn Mali Music.
J’aime beaucoup cet instrument explique-t-il. Il est très « sociable » et pratique. Si j’étais parti avec une guitare et ampli, cela aurait été plus compliqué …de toutes façons j’ai surtout beaucoup écouté avant de jouer.
Damon Albarn
Damon Albarn Mali Music
Cette association caritative cherche de nouveaux moyens de toucher un public plus jeune de moins en moins enclin à donner de l’argent pour les pays pauvres. Ils m’ont donc demandé de partir les représenter, mais j’ai refusé ce côté un peu paternaliste. Si j’allais au Mali, c’était pour faire un disque. Les musiciens maliens seront payés et tout l’argent de mes ventes sera reversé à Oxfam, mais ce n’est pas un disque de charité. J’essaye d’apprendre des erreurs des anciennes générations d’artistes ; comme Live Aid ou Band Aid, qui n’ont finalement eu que des actions à court terme.
Damon Albarn
Bamako est une capitale de sons et d’images. Couvrant le bruit des transistors branchés sur Radio Mali, des pales des ventilateurs, des rires des enfants, des étals de rue ou de la circulation automobile, la musique finit toujours par avoir le dernier mot. Le moindre objet devient percussion, et les instruments traditionnels ne sont pas oubliés. Où que l’on aille, impossible d’échapper à la musique, base unificatrice de la société malienne.
C’est exactement le message que fait passer Damon Albarn au gré de ces déambulations sonores à travers le Mali et sa capitale. «Bamako City», «Tennessee Hôtel», «Institut national des arts» et d’autres lieux emblématiques de la capitale sont à l’honneur dans ce carnet de voyage musical.
Ce n’est pas un projet afro-européen. Ce disque n’a rien avoir avec ceux de Ry Cooder avec Ali Farka Toure ou ceux de Taj Mahal, analyse Nick Gold, un habitué des rencontres musicales entre Nord et Sud, je n’ai jamais entendu quoi que ce soit qui y ressemble, c’est vraiment un travail très intime de Damon Albarn.
Nick Gold
Albarn aboutit à une sorte de guide malin de Bamako, nombre de morceaux portant le nom d’endroits obligés pour tout visiteur de la capitale malienne. Cette option touristique facilite la désinvolture avec laquelle il s’est constitué un petit catalogue de traditions du pays : un échantillonnage de chants sonrhaïs qu’interprète Afel Bocoum, les mélodies de griots comme Toumani Diabaté, de rap malien avec Les Escrocs, de blues-pop des rives du Niger tel que l’invente Lobi Traoré et de virtuosité mandingue, grâce à Néba Solo. «Niger» renoue avec l’esprit des musiques touareg, composante essentielle des différentes cultures du Mali.
Comme son nom l’indique, «Sunset Coming On» touche au rêve du monde, simple et émouvant comme les premiers rayons de soleil d’un jour nouveau. Le violon à une corde d’Hassey Saré se confond avec le mélodica de Damon Albarn, les paroles en anglais sont récitées comme un mantra par Albarn.
De retour à Londres avec plus de quarante heures de musiques et de sons, Albarn bricole et réarrange sur ordinateur pendant près d’un an. Grâce à Nick Gold, la maquette se retrouve au studio Bogolan, chez Mali K7, l’unique maison de disque de Bamako tenue par deux Français.
Il n’y avait pas beaucoup de chants à l’origine, car je ne comprenais pas les paroles, j’avais peur de les tronquer et de changer le sens au montage.
Damon Albarn
Mali Music ne ressemble à aucune des rencontres précédentes entre musiciens pop et africains. Il invente sa propre catégorie, celle des carnets de voyage musicaux. Cette humilité le rend sympathique.
Ce n’est en rien un document sonore mais la conjugaison inédite de moments spontanés et d’habillages technologiquement élaborés ou le chanteur se promène sur fond de dub paresseux, un mélodica aux lèvres, tentant de communiquer l’impression de dépaysement.
Sources : https://musique.rfi.fr – www.sefronia.com – www.lesinrocks.com – www.qobuz.com – www.disclogs.com
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CREDITS :
Enregistré en 2001 à Bamako (Mali) – Honest Jon’s/EMI
Damon Albarn : Arranger, Bass, Composer, Guitar, Hand Drums, Kalimba, Keyboards, Melodica, Percussion, Piano, Piano (Thumb), Producer, Vocals
Alkibar : Performer
Ballo Performer
Afel Bocoum Arranger, Choir/Chorus, Composer, Guitar, Vocals
Cass Browne Drums
Simon Burwell Bass, Hand Drums, Keyboards, Melodica, Organ (Hammond), Piano, Producer, Tres, Vocals, Xylophone
Yoro Cisse Monochord, Njarka Fiddle
Junior Dan Bass
Kassé-Mady Diabaté Vocals
Toumani Diabaté Kora
Nabintou Diakite Vocals
Ko Kan Ko Sata Doumbia Composer, Guest Artist, Ngoni
Shakar Fani Drums, Performer
Tom Girling Digital Editing, Engineer, Producer
Baba Kone Percussion
Brehima Kouyaté Bass
Neba Solo Balafon
Lobi Traoré Guitar, Guitar (Electric), Vocals
Djurr Tx’allo Bass, Performer, Piano, Xylophone
Bonkano Yattara Primary Artist