Donny Hathaway n’est pas juste un nom lancé par Amy Winehouse au beau milieu de sa chanson Rehab… Étoile filante de la soul des 70’s, suicidé à 33 ans, ce soulman de Chicago, pianiste d’exception, n’est pas un nouveau venu lorsqu’il publie Everything Is Everything en 1970.
Durant ses années de fac à la Howard University de Washington, Ric Powell, un étudiant proche de Hathaway, repère ses talents pianistiques et l’engage dans son trio. Son habilité vocale et son aisance au piano en font un acteur majeur de la scène locale. Il se fait remarquer par Curtis Mayfield en quête d’un directeur musical capable de composer, produire et arranger pour Curtom Records, le label qu’il vient de fonder.
Donny Hathaway Everything Is Everything
Sans terminer ses études, Donny Hathaway quitte Washington en 1968 et s’envole pour Chicago. Il rejoint Curtis Mayfield, son arrangeur Johnny Pate et joue dans le groupe du guitariste Phil Upchurch. « Il était imprégné de jazz, de gospel et de musique classique mais il avait son propre style et une voix unique. Il n’essayait pas d’être à la mode ou de suivre un courant ».
Il enregistre un premier single, Thank You Baby, avec la chanteuse June Conquest en 1969. Suite au succès du single, Jerry Wexler chez Atlantic Records le contacte sur les conseils de King Curtis. Celui-ci lui donne l’opportunité d’enregistrer son premier album. La production de Everything Is Everything démarre sous les meilleurs auspices en septembre 1969 aux studios Mayfair de New York.
L’album, co-produit par son ami Ric Powell et composé avec LeRoy Hutson, est une bombe lâchée dans l’univers de la soul, portée par le célèbre « The Ghetto, Pt. 1 ». On ne compte plus les samples du morceau par des artistes hip-hop, surtout dans sa version « live » parue l’année suivante.
« Nous avons composé The Ghetto en une heure et demie. Un mardi soir, Donny est rentré d’une répétition avec le trio de Ric Powell. J’étais en train de composer la structure du morceau. Il l’a transformée et a créé la ligne de basse que l’on connaît tous. Une fois l’enregistrement terminé, nous nous sommes mis à la fenêtre de notre chambre et nous avons écouté notre composition, tandis que la pluie commençait à tomber. Les voitures semblaient évoluer au rythme de notre morceau. C’était magique ».
LeRoy Hutson
Célébré pour son chant unique et ses éblouissantes inspirations gospel, Donny Hathaway signe un chef-d’œuvre où la splendeur émerveillée des ballades soul frôle l’âpreté du funk de la rue. Introduit par une partie de basse écrite par Phil Upchurch mais jouée en studio par Louis Satterfield, Voices Inside (Everything Is Everything) affiche en grand large les ambitions harmoniques de Donny Hathaway.
Plus loin, Sugar Lee capture l’ambiance surchauffée des jam-sessions nocturnes d’un backing band comprenant Ric Powell à la batterie, Marshall Hawkins à la contrebasse et Hathaway aux claviers.
Pièce maîtresse de Everything Is Everything, The Ghetto déploie sur près de sept minutes un irrésistible groove latino funk, porté par le Fender Rhodes virevoltant de Donny Hathaway et les congas de Henry Gibson. On y entend aussi Lalah Hathaway, la fille de Donny et future artiste solo, babiller en fin de morceau.
Le versant soul de l’album est tout aussi remarquable. Les interprétations des standards Believe To My Soul de Ray Charles et Misty d’Errol Garner ainsi qu’une conclusion épique sous la forme d’une reprise de To Be Young, Gifted And Black popularisée par Nina Simone propulsent Everything Is Everything au statut de classique instantané.
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CREDITS :
Enregistré entre le 11 septembre 1969 et le 16 avril 1970 – Studios Mayfair NYC – ATCO Records
John Avant : Trombone – Johnny Board : Sax (Tenor) – Oscar Brashear : Trumpette – Clifford Davis : Sax (Alto) – Aaron Dodd : Tuba – Morris Ellis : Trombone – Master Henry Gibson : Congas – Donny Hathaway : Arrangement, Basse, chef d’orchestre, Organe, Piano, Piano (Rhodes), Producteur, Voix – Marshall Hawkins : Basse – Willie Henderson : Sax (Bariton) – John Howell : Trumpette – Morris Jennings : batterie – King Curtis : Guitare – Robert A. Lewis : Trumpette – John Littlejohn : Guitare, voix – John Lounsberry : French Horn – Ethel Merker : French Horn – Don Myrick : Sax (Alto) – Richard Powell : batterie, percussions – Louis Satterfield : Basse – Gary Slavo : Trumpette – Phil Upchurch : Basse, Guitare – Ric Powell : Producteur – Murray Allen, Roger Anfinsen, Roger S. Anfinsen : Engineer – Bill Inglot, Geoff Sykes : Remastering
Sources : www.soulmusic.com – www.discogs.com – https://blogs.mediapart.fr