Quatrième album du troubadour Ecossais, non publié à l’origine en Grande Bretagne sinon dans une version tronquée, fût un gros succès grâce aux diffusions répétées sur les radios grandes ondes de « Mellow Yellow » en hiver 1966/67. Son titre phare, immédiatement reconnaissable grâce à sa célèbre intro aux cymbales charleston puis à la voix de vibrato confidentielle de Donovan, nous raconte une sulfureuse histoire de vibromasseur et de détournement de mineure…
Dylan est révélé par Blowin’ In The Wind en 1963, Donovan cartonne avec le single Catch The Wind en 1965. Dylan écrit des chansons anti-guerre, Donovan reprend The Universal Soldier. Bref, m’sieur, il fait rien qu’à copier ! En réalité, Donovan est surtout sensible à l’influence de la scène folk, très vivace au milieu des années 60.
Deux ans avant l’album éponyme Donovan Mellow Yellow, il signe à l’époque des chansons qui, bien que inférieures à celles de Dylan, montre déjà un réel talent de songwriter. On songe à Colors, Hey Gip (Dig The Slowness), Jersey Thursday ou le jazzy Sunny Goodge Street. Cette dernière annonce d’ailleurs le virage que va prendre le chanteur écossais, qui en a sa claque qu’on lui rabâche les oreilles avec cette histoire de Dylan anglais…Du coup, pour se démarquer de cette image trop collante, Donovan décide de… copier les Beatles !
Donovan Mellow Yellow
Plus sérieusement, c’est en fréquentant ces derniers qu’il va embrasser le mouvement flower power et le psychédélisme, qui correspondent bien à son tempérament doux-dingue. Sur Yellow Submarine, Donovan pousse donc la chansonnette et écrit deux lignes des textes.
Le songwriter va également changer de producteur et de maison de disque autour de 1966, passant de Pye à CBS. Le nouveau producteur, Mickie Most, vient de travailler avec les Animals et Herman’s Hermits, et il compte pousser Donovan vers d’autres horizons. Ce sera d’abord Sunshine Superman, puis Mellow Yellow et sa chanson éponyme passée à la postérité.
En effet, dès ces fameux premiers coups de cymbale, n’importe quel abruti tend l’oreille et fredonne dans un réflexe pavlovien « they call me mellow yellow » ! Tout et n’importe quoi a été écrit à propos de cette chanson, dont les paroles provoquèrent une frénésie d’exégèses.
Ainsi, le titre, associé aux mots « electrical banana » dans un couplet, fit croire à certains que Donovan faisait référence à une rumeur lancée à l’époque, selon laquelle fumer des peaux de banane permettait de planer. La vérité est plus prosaïque, puisque l’expression « Mellow Yellow » ferait allusion à la jaunisse contractée par le chanteur quelques mois auparavant.
Une autre explication donnée par Donovan voudrait que le jaune soit celui du safran, la couleur des robes que portent les moines bouddhistes (on est en pleine période hippie, souvenons-nous). La chanson commence d’ailleurs par ces mots : « I’m just mad about saffron ». Enfin, Il est à noter que la chanson doit beaucoup aux arrangements d’un certain John Paul Jones, futur bassiste de Led Zeppelin.
Eclipsé par ce phare qu’est Mellow Yellow, dont le single s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires aux Etats-Unis, le reste de l’album n’a pas à rougir.
Mélange de ballades folk (Writer In The Sun, Sand And Foam, House Of Jansch, Young Girl Blues), de jazz (The Observation), de pop psychédélique (Sunny South Kensington, Museum) et de music-hall (Bleak City Woman), ces chansons représentent d’authentiques réussites.
La production de Mickie Most met en valeur la voix et le jeu de guitare de Donovan en distillant au compte-gouttes une instrumentation raffinée et clairsemée. Cerise sur le gâteau, ce sont des musiciens de jazz réputés qui accompagnent Donovan, comme Spike Heatley à la basse, Tony Carr à la batterie, John Cameron au piano et Harold McNair au saxophone et à la flûte.
Loin d’être un artiste mineur, Donovan s’affirme avec cet album comme un véritable compositeur, capable d’inventer des mélodies subtiles et touchantes, aériennes, nostalgiques, aux textes étranges et poétiques. Un talent illustré dans toute sa splendeur par Sand And Foam, une ballade somptueuse de beauté trouble qui ne doit rien à personne.
De plus, lorsque paraît Mellow Yellow, Donovan a seulement 21 ans, et sa musique fait pourtant preuve d’une maturité impressionnante. Voilà qui devrait balayer les préjugés néfastes autour de la carrière de ce garçon « jaune et doux ».
Sources : www.inside-rock.fr – http://donovan-unofficial.com – The Rock Hall Of Fame – www.discogs.com – www.telerama.fr –
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CRÉDITS :
Enregistré en septembre-octobre 1966 (Londres) – Epic records
Mickie Most : producteur – Donovan : voix, guitare folk – Joe Moretti : guitare rythmique sur la piste 1 – John McLaughlin : guitare rythmique sur la piste 1 – John Cameron : arrangements on tracks 02, 04, 05, 06, 09 and Epistle To Dippy (both versions), Preachin’ Love, Good Time and Superlungs; piano on tracks 04, 05, 10 and Preachin’ Love, Good Time and Superlungs; harpsichord on track 10 and Epistle To Dippy; organ on track 10; celesta on tracks 02 and 06.
Big – Jim Sullivan : guitare électrique sur la piste 5 – Jimmy Page : guitare électrique sur Epistle To Dippy – Eric Ford : guitare électrique sur la piste 10 – Danny Thompson : basse – Spike Heatley : basse – John Paul Jones : basse et arrangement sur la piste 1 – Phil Seamon : batterie – Bobby Orr : batterie sur les pistes 1 et 10 – Tony Carr : percussion; batterie on Epistle To Dippy. – Danny Moss : saxophone sur la piste – Ronnie Ross : saxophone sur la piste
Harold McNair : flûte sur les pistes 02, 04, 0 et Writer In The Sun and There Is A Mountain – Shawn Phillips : sitare sur la piste 10 – Pat Halling : violon sur la piste 8