Lorsqu’on parle de Funk, il y a quelques noms qui viennent directement en tête… Feu James Brown évidemment, Sly Stone et sa family, et bien sûr George Clinton. En plus d’être à l’origine du Funk avec ses confrères, George Clinton peut s’enorgueillir d’avoir inventé le P-Funk qui, plus qu’un style musical, est un véritable univers.
Né le 22 juillet 1941 à Kannapolis en Caroline du Nord, George Clinton grandit à Plainfield dans le New Jersey où il travaille dans un salon de coiffure jusqu’en 1955.
A l’âge de 15 ans, il forme le groupe de doo-wop « The Parliaments » qui commence sa carrière par des reprises de Frankie Lymon & The Teenagers. Le groupe tire son nom d’une marque de cigarettes, les « Parliament cigarettes ».
Au début des années 60, le groupe compte George Clinton, Ray « Stingray » Davis, Clarence « Fuzzy » Haskins, Calvin Simon et Grady Thomas. En 1964, Clinton décide de recruter d’anciens clients de son salon de coiffure pour assurer le « musical backing » de The Parliaments, dont deux frères, Frankie et Richard Boyce, et Langston Booth. Cependant, tandis que la carrière du groupe peine à décoller, Clinton est impressionné par le succès de Motown Records et amène le groupe à Détroit pour une audition au sein du label.
Chez Motown, George Clinton écrit quelques chansons pour des artistes comme les Jackson 5 et les Supremes mais, The Parliaments n’enregistre que quelques singles pour le « petit » label Revilot et un seul titre rencontre du succès, «(I wanna) Testify/I Can Feel The Ice Melting » en 1967.
A la fin des années 60, puisque Revilot fait faillite, The Parliaments n’est plus autorisé à jouer sous son nom. La formation assurée par les frères Boyce et Booth prend une place plus importante au sein du groupe mais suite à l’enrôlement forcé de ces derniers pour la guerre du Vietnam, Clinton doit les remplacer par le bassiste Billy Bass Nelson, les guitaristes Eddie Hazel et Tawl Ross, le batteur Tiki Fulwood et le claviériste Mickey Atkins.
Le groupe devient alors Funkadelic et change de style et de look pour un Funk électrique, psychédélique, influencé par Jimi Hendrix, James Brown et Sly and The Family Stone. Fortement opposés à la guerre du Vietnam pour des raisons autant politiques que personnelles, le groupe sort deux chansons significatives, « Come In Out The Rain » en 1970 et « March To The Witch’s Castle » en 1973.
Après un premier album éponyme en 1970 qui leur créé une petite audience sans pour autant enflammer les foules, Funkadelic accueille le claviériste Bernie Worrell et sort Free Your Mind And Your Ass Will Follow et Maggot Brain en 1971.
Tandis que Bernie Worrell ouvre le groupe à un son plus orienté vers la musique classique, une sorte de Funk avant-garde, le départ temporaire de Billy Nelson et Eddie Hazel, et celui de Tawl Ross conduisent à l’arrivée en 1972 des frères William et Phelps Collins, plus connus sous les noms de Bootsy et Catfish.
Une fois encore, l’arrivée de ces derniers, et particulièrement celle du bassiste Bootsy Collins, modifie le style musical du groupe. L’album America Eats Its Young sorti en 1972 préfigure le style P-Funk. Bootsy Collins quitte temporairement la formation entre 1972 et 1974, année pendant laquelle George Clinton ressuscite Parliament, nom dont il s’était servi en 1970 pour signer l’album « Osmium ».
En 1975, Maceo Parker et Fred Wesley rejoignent Parliament et lui infuse, par le renfort des cuivres, une dimension davantage jazzy. La même année, le succès de l’album « Mothership Connection » consacre la carrière de Parliament. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, le groupe sort en 1978 l’album « Funkentelechy vs. The Placebo Syndrome », considéré comme l’un des albums les plus riches de la deuxième moitié du XXe siècle, dans lequel on trouve le bijou musical « Flashlight ».
A la fin des années 70, Clinton et ses musiciens se lancent dans une tournée connue sous le nom de la « P-Funk Earth Tour » de Parliament-Funkadelic. La tournée est un véritable spectacle se nourrissant des éléments de la mythologie P-Funk, à savoir le vaisseau spatial qui atterrit sur la scène et duquel sort le Dr Funkenstein.
A partir de 1982, George Clinton enregistre plusieurs albums solo dont « Computer Games » où figure le titre Atomic Dog, largement repris ensuite par le monde du hip-hop, mais il reste souvent accompagné des membres des groupes Parliament et Funkadelic désignés alors par le nom « The P-Funk All Stars ».
L’origine du terme P-Funk reste encore floue, tandis que certains considèrent que le sigle n’est en fait qu’une abréviation des noms Parliament et Funkadelic, d’autres pensent que le P. renvoie à Pur ou encore Psychédélique.
© Jihane Bensouda / mondomix