Synonyme de glitter (littéralement éclat, scintillement), le glam rock (abréviation de glamourous, qui signifie prestigieux, éblouissant) est un mouvement qui, entre 1972 et 1974, avec des groupes et chanteurs aussi divers qu’Alice Cooper, T. Rex, Roxy Music et David Bowie, a entraîné le retour d’un rock’n’ roll plus éphémère et excitant, plébiscité par les très jeunes, où la recherche d’une image excessive et provocante était essentielle. Son influence sur le punk-rock fut primordiale.
Au tout début des années 70, la pop music s’est considérablement sophistiquée. Via ses courants dominants (musique progressive, folk-rock ou hard rock très bluesy aux longs solos de guitare, et même l’underground, le rock indie de l’époque), elle s’adresse plus à de grands adolescents, voire à de jeunes adultes, qu’à des enfants. Le bubblegum, qui a dominé le marché des 45 tours en 1968-1969, a disparu. Il y a donc dans l’air une demande informulée. Ce sera le glam rock.
Le point de départ du mouvement glam rock fut le succès de « Ride A White Swan » de T. Rex en 1970. Marc Bolan a subitement trahi la cause de l’underground en abandonnant guitare sèche et mélodies traînantes indianisantes pour un rock’n’ roll à guitare électrique proche des pionniers du genre. On peut chantonner la mélodie, et surtout danser sur elle, ce qui est inenvisageable avec King Crimson ou Led Zeppelin.
Par rapport à Creedence Clearwater Revival, bande de joyeux bûcherons, Marc Bolan a ce souci typiquement londonien du style : paillettes dans les cheveux, veste en lamé argenté, bottes en talons. Il introduit surtout une dimension érotique et narcissique, que David Bowie, formé par le théâtre, exploite à outrance : on se mit alors à parler de bisexualité, d’ambiguïté, d’équivoque.
Parallèlement, à New York, les New York Dolls, à l’impact plus élitiste, se produisent en travestis, inspirés par Iggy Pop des Stooges et Lou Reed, alors en pleine période de maquillage et paillettes.
Alice Cooper, sorte de phénomène de folie californienne, profite du mouvement pour se lancer. Elton John aussi, voire Rod Stewart furent influencés par cette mode. Roxy Music créa un pont entre cette tendance et une tradition plus intellectuelle et esthétique, alors incarnée par la musique progressive.
En Grande-Bretagne, enfin, le glam rock fut aussi un nouveau visage du bubblegum, avec des groupes et chanteurs à tubes très appréciés des enfants, comme le très bon Slade, le moins bon The Sweet, l’amusant Gary Glitter ou l’intéressante américaine Suzi Quatro.
En 1975, la mode du glam rock est terminée. Le rock’n’ roll revient à grandes enjambées, et le punk-rock est sur le point de rafler la mise. Certains groupes de hard rock se réclamèrent du glam rock au début des années 80.
Joan Jett ne cacha pas sa dette envers Suzi Quatro, brune dure en combinaison de cuir. Mötley Crue, Twisted Sister, W.A.S.P, Queenryche, Poison revendiquèrent l’étiquette de heavy glam rock. On ne peut évidemment pas oublier Kiss, pionnier du genre.