Joao Bosco est un des musiciens les plus imaginatifs et éclectiques de la MPB et, comme Lins, il s’est fait connaître après des prestations remarquées dans les festivals universitaires. Bosco se produit souvent seul en concert, s’accompagnant juste à la guitare acoustique. Et c’est largement suffisant : il est le plus autonome des musiciens, un groupe à lui tout seul.
Joao Bosco s’assied sur un tabouret sur la scène d’un théâtre comme le Canecâo de Rio, vêtu d’une chemise de soie blanche et d’une cravate rouge et incite très facilement le public à chanter avec lui ses superbes mélodies.
Il lui arrive d’improviser une phrase musicale amusante et de faire rire l’assistance aux éclats. Tirant de sa guitare des sambas endiablées ou des motifs complexes de flamenco, son répertoire va de la samba au merengue, en passant par le be-bop, Jackson do Pandeiro, des standards de jazz comme Round midnight, ou Ary Barroso…
Il ajoute quelques mesures de Gershwin ça et là, ou cite une phrase du Boléro de Ravel en scat… C’est une sorte de troubadour post-moderne, qui alterne le sublime et l’ironique dans des chansons gracieuses et pleines de modulations.
Né en 1946 à Ponta Nova, dans l’État du Minas Gerais, Bosco a enregistré un grand nombre d’albums célèbres au cours des années 70, et ses chansons ont été interprétées par Elis Regina et bien d’autres chanteurs majeurs de la MPB.
Jusqu’au milieu des années 80, Bosco a écrit la plupart de ses compositions avec Aldir Blanc, un psychiatre qui a abandonné sa profession pour se consacrer à l’écriture des paroles de ses sambas et de ses boléros. Selon Elis Regina, les mots de Blanc constituaient «la plus sincère narration de leur époque.»
Blanc (né en 1946 à Rio) écrit des vers qui peuvent tout à la fois être sérieux, ironiques, surréalistes, comiques, simples, et pleins de multiples sens, dans la même chanson. Ses parole» sont pleines de références à la culture brésilienne et de commentaires sur les habitudes sociales et la vie de la classe ouvrière.
Dans Bandalhismo (littéralement «bon-à-rien-isme») en 1980, Blanc revisite malicieusement un poème de 1902 d’Augusto dos Anjos (Vandalisme)), le transposant à la réalité des classes pauvres :
«Mon cœur est plein de tavernes sordides
Où les mains des vagabonds battent des rythmes de samba-enredos, sur des boîtes d’allumettes.»
La chanson Escadas de Penha mettait en scène l’histoire d’un tueur qui, devant l’église Penha de Rio, se penchait sur un crime passionnel qu’il avait commis :
«Sur les marches de Penha Il resta chagriné devant une bougie presque consumée Il contempla la folie de la flamme Et il appela soif|ange gardien B mit ses remords dans une chanson Chanta le mensonge de la fille noire Nia que la jalousie pût tuer Qu’elle avait tué son amie d’école de samba.
Dans ses paroles plus ludiques Blanc utilise des mots portugais, yarn bas, tupis, français, anglais ou espagnols avec des combinaisons polyglottes, ainsi que des vocalises, des mots d’argot de toutes sortes et des jeux de mots imaginatifs.
Au cours de leur collaboration, Blanc et Bosco ont créé quelques-uns des plus grands standards de la MPB, comme O mestre-sala dos mares, Bala com bala (balle avec balle), De frent pro crime (Face au crime), et Kid Cavaquinho – des sambas modernes qui sont une contribution importante au genre.
Leur album Gagabiro, en 1984, fut un tour de force artistique, qui fusionnait les styles brésiliens, africains et cubains et montrait les multiples facettes de leurs talents de virtuoses.
A la fin des années 80, Bosco et Blanc arrêtèrent d’écrire des chansons ensemble et suivirent chacun leur propre chemin. Bosco s’associa avec le parolier Antônio Cicero pour l’album /otui de Fronteira (en 1991), tandis qu’en 1994, Blanc faisait équipe avec le chanteur et compositeur Ouinga pour son album Deliria carioca.