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Après la déflagration de son premier album éponyme, Led Zep ne baisse pas la cadence et retourne en studio quelques mois plus tard. A Whole Lotta Love, tubesque chanson qui ouvre ce bal électrique, confirme que le quartet britannique poursuit son embardée sur les terres d’un blues rock revisité. Guitare au poing, Jimmy Page est un pyrotechnicien fabuleux tandis qu’au micro, Robert Plant joue les muezzins habités. Le groupe anglais conçoit ici ce qui deviendra le hard rock : riffs entrés dans la légende (Heartbreaker), solos de batterie apocalyptiques (Moby Dick), incantations vocales impressionnantes (Whole Lotta Love).

Moins de quatre mois après la sortie de leur premier album en janvier 1969, Atlantic pousse déjà le groupe à en concevoir un autre enregistré en grande partie pendant une tournée mondiale juillet-août 1969.

Il n’est pas rare, pour des groupes très occupés, d’enregistrer leurs albums pendant les petites pauses que leur accorde une tournée. Les Rolling Stones, par exemple, enregistrent régulièrement dans des studios comme ceux de Chess, à Chicago, ou à Hollywood, pendant qu’ils sont sur les routes américaines entre 64 et 66. Led Zeppelin II, cependant, est un cas extrême.

C’était dingue, vraiment. Nous écrivions les chansons dans les chambres d’hôtel, puis une partie rythmique à Londres, on ajoutait la voix à New York, l’harmonica à Vancouver et on revenait finir le mixage à New York.

Robert Plant

led zeppelin whole lotta love

En avril 69, Led Zeppelin se rend aux studios Olympic de Londres avec l’ingénieur du son George Chkiantz. “Whole Lotta Love” est l’un des premiers morceaux sur lequel ils travaillent.

Construit autour d’un riff inventé par Page lors d’une version live (longue d’un quart d’heure) de “As Long As I Have You”, auquel Plant ajoute des paroles tout droit tirées du single de Muddy Waters, “You Need Love” (1962), le morceau est terminé à New York avec l’ingénieur d’Hendrix, Eddie Kramer. Il aide notamment à l’exécution de la terrifiante section centrale en y incorporant toute une gamme de sons: la guitare slide de Page passée à l’envers, son thérémine, un orgasme féminin et l’explosion d’une bombe au napalm.

De son expérience de requin de studio – lors des séances d’enregistrement de You Really Got Me, Gloria ou I Can’t Explain, les producteurs des Kinks, des Them et des Who ont eu recours à ses services –, Jimmy Page a retenu un précepte cardinal : une attaque de guitare doit être massive. Et également méchante, mordante, mirobolante et médusante, ce qu’illustrent les intros de Whole Lotta Love, Heartbreaker et Living Loving Maid (She’s Just a Woman).

led zeppelin whole lotta love
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Les solos de guitare sont enregistrés dans les couloirs du studio; Bonham joue la partie percussion de “Ramble On” sur un étui de guitare, un tabouret de batterie ou une poubelle (personne ne se souvient lequel des trois), et son solo emblématique sur “Moby Dick” est composé de plusieurs prises de son dans des studios différents.

Les méthodes d’enregistrement sont peut-être un peu improvisées, mais le résultat est au rendez-vous. “What Is and What Should Never Be” joue avec la stéréo pour renvoyer la guitare de Page et les plaintes de Plant d’une baffle à une autre, comme pour mimer un mauvais trip à l’acide.

“The Lemon Song” (leur version du “Killing Floor” de Howlin’ Wolf) est un live dans le studio qui passe sans accroc d’une tranquillité assurée à un boogie frénétique, avec Plant qui hurle “Presse-moi le citron jusqu’à ce que le jus coule le long de ma jambe”! “Thank You”, un hymne folk baigné de guitare 12-cordes et d’orgue, est la première composition de Plant, écrite pour sa femme au cours d’une période de changements intenses.

led zeppelin whole lotta love
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Moins d’un an auparavant, ils ramaient sur les routes britanniques enneigées. Maintenant, ils séjournent à l’hôtel du Chateau Marmont, assistent aux concerts d’Elvis Presley à Las Vegas depuis le premier rang, fréquentent les GTO’s, l’élite des groupies de Los Angeles…

Dans tout ce chaos, le groupe reste concentré sur son travail. Perfectionniste en studio, Page refuse de se laisser distraire. En juillet, le soir où le groupe célèbre son disque d’or pour Led Zeppelin, le guitariste renvoie tout le monde en studio juste après la réception à l’hôtel Plaza de New York.

Il y avait un sentiment d’urgence lorsqu’on était aux États-Unis. Je me souviens qu’une fois, on est allés à l’aéroport pour ramener nos femmes à l’hôtel, puis qu’on a filé au studio pour jouer ‘Bring It on Home’. On a fait beaucoup de choses dans ce goût-là cette année.

John Bonham

Même “Living Loving Maid (She’s Just a Woman)”, un rock clinquant que Page écrit en pensant à “une vieille femme dégénérée qui essaie d’être jeune” et qu’il considérera par la suite comme la chanson qu’il aime le moins de Led Zeppelin, en est la preuve irréfutable.

led zeppelin whole lotta love
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En août, ils ont fini d’enregistrer. Kramer et Page mixent ensuite l’album en deux jours aux studios A&R de New York, sur une table Altec à douze pistes. “C’était la console la plus primitive qu’on puisse imaginer”, note Kramer.

Sorti le 22 octobre 1969, Led Zeppelin II se vend à trois millions d’exemplaires en six mois, ravissant la première place à Abbey Road en décembre. “Whole Lotta Love” devient numéro quatre aux États-Unis en janvier 1970, préfigurant le heavy metal avec une décennie d’avance.

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CREDITS :

Enregistré entre avril et août 1969 aux Studios Olympic & Morgan Studios, Londres – A&R Studios, Juggy Sound Studios & Studios Atlantic, New York – Mirror Dound Studios, Los Angeles – Atlantic records

Production

Digitally remastered editions

  • First 1987 CD mastering [19127-2] – Barry Diament at Atlantic Studios
  • 1994 digital remastering (from the original master tapes) – Jimmy Page and George Marino at Sterling Sound
  • 2014 24 bit/192 kHz digital transfers of the original analogue tapes – Jimmy Page at Metropolis Mastering, London

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