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L’histoire d’Ogassa est courte. Le groupe n’a publié qu’une poignée d’enregistrements et disparu dans des circonstances tragiques. Acid Jazz records, label fondé par Gilles Peterson, réédite depuis quelques années des disques de l’énigmatique label Albarika Store, une mine d’or de morceaux afro originaires du Bénin. L’un de ces joyaux est l’ultra rare Ogassa Original (Vol. 1), deuxième LP de l’obscur groupe de Porto Novo datant de 1978.

Le Bénin a longtemps été dominé par des courants importés comme la rumba congolaise et le highlife. Si cette dépendance s’explique en partie par le dynamisme et la puissance industrielle de ses voisins, elle trouve également son fondement dans une sensibilité culturelle commune.

Ogassa Original (Vol. 1)

Au Bénin, marqué par les rythmes et danses du culte vodoun (akinta, akohoun, toba, agbotchébou, Kpanouhoun…), les Nagô développent une musique similaire au style shakara des Yorubas nigérians (ancêtre de la fuji music) tandis que les Yorubas se passionnent pour la juju.

L’influence du highlife sera prépondérante à partir des années 1950 au Bénin où il est largement diffusé par Ignace de Souza dans des versions personnelles. Par ses nombreux allers-retours entre le Ghana et le Bénin, ce saxophoniste de premier plan a favorisé l’interaction musicale entre les deux pays.

Celle-ci sera brutalement freinée en 1969 par l’arrivée au pouvoir au Ghana du Docteur Kofi Busia qui expulse des milliers de non ghanéens du pays.

Deux décennies durant (60s/70s), le pays vit sous l’influence de rythmes importés (tango, boléro, rumba cubaine, jazz).

Ogassa
Ogassa Original (Vol. 1)

Pourtant, sous l’impulsion de compositeurs, arrangeurs et interprètes qui décident de chanter dans les langues du pays (le fon et le mina), la scène amorce une recherche dans les formes d’expression traditionnelle (gogbahoun, agbadja, zilin, kaka, toba, laské, téké, tipenti, tchinkounmey), styles vocaux ou rythmes à base d’instruments locaux (agogo, gota (gourde légère), tohoun (calebasse tambour d’eau) qu’intégreront dans leur musique de fusion des artistes comme Bobo D. ou le très confidentiel groupe Ogassa.

On sait peu de choses sinon que les six membres du groupe originaires de Porto Novo (ville côtière à l’est du Bénin), ont enregistrés deux LP avant de périr dans un accident de voiture.

Après un premier album publié en 1976, Ogassa (« Oga » signifie maître en dialecte nigérian) tourne beaucoup en Afrique de l’Ouest grâce à des succès radiophoniques tels que « Segbele-Gbele » et « Ajimevi ».

Ogassa Original (Vol. 1)
Ogassa Original (Vol. 1)

Proches de l’Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou, avec lequel ils ont travaillé une fois, ils enregistrent un deuxième album Ogassa Original (Vol. 1) en 1978 pour le label Albarika.

Comme nombre des sorties du label, l’album est enregistré aux studios EMI de Lagos au Nigeria, ce qui lui confère une profondeur et une fidélité qui le distingue des raretés afro de l’époque.

Les quatre titres de l’album s’étirent – pas moins de 7 minutes – entre grooves « Gbe We Gnin Wa Bio », « Ogassa Story », et ballades plaintives « Avale », « Production Vido Tche ».

Réédité dans son intégralité avec la pochette originale, cet album est un must pour les collectionneurs et spécialistes de raretés afro.

Sources : www.discogs.com – https://djolo.net – http://afrobeat-music.blogspot.com – www.forcedexposure.com – www.afrisson.com – www.vinylcorner.fr

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CREDITS :

Enregistré en 1978 aux studios EMI de Lagos – Nigeria – Albarika Store

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