Deux ans après sa mort prématurée en 2016, la caverne d’Ali Baba de Paisley Park offre un premier trésor : Prince Piano and a Microphone 1983. Enregistré à la veille du succès de Purple Rain, cette répétition privée fournit un aperçu rare et intimiste du processus créatif du prodige de Minneapolis.
A seulement 25 ans, Prince a déjà cinq albums à son actif (For You, Prince, Dirty Mind, Controversy et 1999) et s’apprête à publier le disque qui le transformera en star planétaire, Purple Rain. Multi-instrumentiste passant ses jours et ses nuits en studio, il est ici seul au piano le temps d’un medley de compositions personnelles et de deux reprises.
Prince Piano and a Microphone
Dès les premiers accords de « 17 Days », chanson de jalousie et de perte où l’amant éploré en appelle à la pluie divine, le corps de Prince est tendu par la volupté et le plaisir. Son jeu est d’une versatilité qui traverse les genres au galop et sublime la tristesse des paroles. Sa voix ne se pose jamais, homme, femme, grave ou mutine. Le titre deviendra une face « B » pour « When Doves Cry ».
Des vapeurs de gospel habitent la première chanson, on les retrouvera encore le temps d’un détour par le répertoire sacré, le gospel « Mary don’t you weep ».
Même réduite à sa plus simple expression de moins de deux minutes, cette ébauche de « Purple Rain » est un joyau éblouissant.
« A Case of You », une reprise d’un titre de Joni Mitchell s’enchaine avec naturel, sur un mode presque a capella. Pour mémoire, le Kid était si fan d’elle, qu’il lui avait envoyé un jet privé pour l’inviter à la première de son film « Under the Cherry Moon » en 86.
Certains titres s’ébauchent dans un bazar où s’entrechoquent les rythmes et les onomatopées (Strange Relationship) que l’on retrouvera plus tard, en 87 sur « Sign O the Times »).
D’autres titres semblent naître de l’instant pour s’évanouir aussitôt, dans la simple flamme de l’improvisation (Cold Coffee and cocaine, piano secoué, voix ébréchée de fin de nuit).
Joyau caché de « 1999 », composé un an avant cet enregistrement, « International Lover » offre son intro percutée, pour un slow ralenti comme en apnée….strophe par strophe…susurré.
En trente minutes intenses, Piano and a microphone fournit un document rare sur le compositeur au travail, acrobate sans filtre, sans filet, transporté, tourmenté par le désir et l’inspiration. Saisi dans l’essence même de son génie, Prince a rarement semblé aussi proche.
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CREDITS :
Enregistré au Prince’s Kiowa Trail home studio – Chanhassen, MN – USA –
- Art Direction, Design – Alex Tenta, The Prince Estate
- Engineer [Mastering] – Bernie Grundman
- Executive-Producer [Archival Producer] – Michael Howe (3)
- Photography By [Archive Photos] – The Prince Estate
- Photography By [Artist Photography] – Allen Beaulieu
- Producer, Arranged By, Performer – Prince
Sources : www.qobuz.com – www.lemonde.fr – www.rollingstone.fr – https://gonzomusic.fr – www.telerama.fr – www.muziq.fr