• Post category:ALBUM
  • Auteur/autrice de la publication :
  • Temps de lecture :9 min de lecture

Sur Pop Pop comme sur ses précédents albums, Rickie Lee Jones évoque dans ses chansons personnages et expériences rencontrés au fil d’une existence mouvementée. Sa voix très expressive, mi-chantée mi-parlée, et sa musique, pleine d’allusions au jazz des années 40 et au cabaret, l’ont souvent fait comparer à Tom Waits.

À l’âge de 18 ans, elle part faire ses études en Californie, à Venice. Tout en travaillant dans des bars, elle se produit dans quelques clubs. En 1975, elle rencontre Sal Bernardi, qui devient son ami et son futur collaborateur. À la fin de ses études, Rickie Lee Jones s’installe à Los Angeles.


Rickie Lee Jones Pop Pop

Remarquée par plusieurs artistes comme Alfred Johnson ou Lowell George (Little Feat), elle est repérée par le producteur Lenny Waronker, qui lui fait signer un contrat chez Warner. Elle sort son premier album Rickie Lee Jones, en 1979.

D’inspiration jazzy, ce chef d’oeuvre fait sensation par la beauté des textes, poétiques et délicats, de la jeune femme, et par son tube devenu un classique, « Chuck E.’s in Love » dédié au chanteur Chuck E. Weiss.

Couronnée par un Grammy Award en 1980, la musicienne vit également une liaison passionnée avec le chanteur Tom Waits. Mais leur histoire d’amour se termine mal, et, vivant désormais à New York, Rickie Lee Jones sort Pirates en 1981, très inspiré de ses déboires sentimentaux. Malgré l’efficacité du single « A Lucky Guy », l’album ne connaît pas le même succès que Rickie Lee Jones.

Rickie Lee Jones Pop Pop

Rickie Lee Jones s’exile alors en France, où elle enregistre son troisième album, The Magazine, en 1984. Réalisé aux côtés du compositeur James Newton Howard, le disque offre un panel de morceaux jazz à l’orchestration exigeante, mais ne délivre pas la même sensibilité que ses précédents albums.

Face à la mort de son père, Rickie Lee Jones s’octroie quelques années de break salvateur. Entre-temps mariée à Pascal Nabet Meyer et mère d’une petite fille, elle s’installe à nouveau aux Etats-Unis en 1987. Elle y enregistre l’excellent Flying Cowboys, qui entame sa collaboration avec le label Geffen Records. Fort des singles « Satellites » ou « The Horses », l’album paraît en 1989.

Rickie Lee Jones Pop Pop

Il sera suivi de Rickie Lee Jones Pop Pop (1991), qui reprend des standards de Tin Pan Alley ou de Jimi Hendrix. Comme son nom l’indique, Pop Pop est une guirlande de standards presque tous estampillés jazz. My one and only love est un accueil parfait. Au rayon pop (et encore), du Hendrix (Up from the skies), un Jefferson Airplane (Comin’ back to me, où sa voix épouse à distance celle de Marty Balin, la rappelle et l’estompe).

Le ton – bleu nuit, nuances de gris – est donné par The Second Time around et la fameuse Ballad of the sad young men chère à Anita O’Day. Curieusement, le Clichés d’Alex Chilton, cousin tordu, n’est pas très loin. Ici se mêlent la contrebasse de Charlie Haden, le bandonéon de Dino Saluzzi, la guitare acoustique nylon de Robben Ford, dans un contexte inhabituel, et la voix cristalline, à la fois fragile et assurée, de Rickie Lee Jones…

Rickie Lee Jones Pop Pop

La cerise amère sur ce gâteau sans crème ni édulcorants, c’est I’ll be seing you. 3 mn 14 qui passent en une seconde. La brise charriant mille peines de cœur. Tous les points de suture sautent, elle souffle et la cicatrice d’un coup s’efface. I’ll be seeing you… in that small café… the park across the way… the children’s carousel… Sammy Fain et Irving Kahal ont écrit la chanson en 1938. Plein de gens plus ou moins recommandables se la sont disputée depuis. RLJ triomphe modestement.

Rickie Lee, comment avez-vous fait pour battre à ce jeu-là Sinatra deux fois (une swinguante avec Tommy Dorsey, une patinée avec Alex Stordahl), Billie Holiday, Sarah Vaughan ? Je l’ai dépouillée, mon gars, dit-elle sourire en coin. Elle secoue sa manche lâche et un atout maître en sort : la guitare du dénommé Robben Ford. Travail de diamantaire. Charlie Haden à la basse pour arrondir… C’est important de savoir s’entourer quand les nerfs sont à fleur de peau, la pulpe à vif.

Rickie Lee Jones Pop Pop

Le saxophoniste Joe Henderson est également de la fête, sur un « Dat Dere » rajeuni par des rires d’enfants ou sur « Bye Bye Black Bird ».

Autres titres, autres ambiances : la palette des émotions musicales est large, et « Up from the Skies » de Jimi Hendrix, porté par la walking bass de Charlie Haden, exhale tout son swing, tandis qu’un hommage léger et insouciant est rendu à Peter Pan dans « I Won’t Grow Up ».

L’intérêt et l’originalité de Rickie Lee Jones Pop Pop, composé de standards dans des versions minimalistes exclusivement acoustiques, résident dans la vision très personnelle qu’a Rickie Lee Jones de ces chansons et dans sa capacité à entraîner avec elle des musiciens de jazz dans des relectures étonnantes, parfois risquées mais toujours réussies. On est ici à l’opposé du plan marketing calculé : dans la spontanéité et le souvenir des chansons entendues à la maison, chantées par un oncle de passage.

Sources : http://buzz.corporations.free.fr – www.discogs.com – www.qobuz.com

###

CREDITS :

Enregistré en 1989 au Topanga Skyline Studio – Californie USA – Geffen Records

  • Rickie Lee Jones, vocals; acoustic guitar on « Comin’ Back to Me »
  • Robben Ford – acoustic guitar
  • Charlie Haden, John Leftwich – acoustic bass
  • Walfredo Reyes, Jr. – bongos, shakers
  • Bob Sheppard – clarinet on « I’ll Be Seeing You », tenor saxophone on « Love Junkyard »
  • Joe Henderson – tenor saxophone on « Dat Dere » and « Bye Bye Blackbird »
  • Dino Saluzzi – bandoneon on « My One and Only Love », « Hi-Lili Hi-Lo » and « The Ballad of the Sad Young Men »
  • Charlie Shoemake – vibraphone on « Love Junkyard »
  • Steven Kindler – violin on « Second Time Around »
  • Michael O’Neill – acoustic guitar on « Up From The Skies » and « Love Junkyard »
  • Michael Greiner – hurdy-gurdy on « Comin’ Back to Me »
  • April Gay, Arnold McCuller, David Was, Donny Gerrard, Terry Bradford – backing vocals
  • Pascal Nabet Meyer – executive producer
  • Greg Penny, John Eden, Jon Ingoldsby – engineer
  • Kevin Reagan – art direction, design

Laisser un commentaire