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Enfant chéri de l’Amérique noire, star du gospel depuis l’âge le plus tendre, Sam Cooke est le héros des droits civiques, la voix d’or d’un peuple en mouvement, le roi incontesté de la soul qui fleurit à l’orée des années 1960. Mort à 33 ans, son œuvre est courte, disparate, mais tout son art se concentre dans les sillons de Night Beat, disque de rêveries nocturnes enregistré en février 1963. Les arrangements se font discrets, quatre musiciens dans une ambiance tamisée qui laissent respirer, frémir et s’épanouir une des plus belles voix du XXème siècle. En toute intimité, celle-ci se love dans les plis et replis d’une douzaine de classiques blues pour les mener vers des hauteurs insoupçonnées.

En 1960, Sam Cooke signe un contrat avec la maison de disques RCA et infléchit l’orientation pop de ses disques. Les nouveaux titres — « Chain Gang » (1960), « Cupid » (1961) et « Another Saturday Night » (1963) déchaînent toujours autant les passions.

Avisé et vigilant, le chanteur fait preuve d’une indépendance et d’une lucidité artistiques peu communes en créant très tôt une maison d’édition musicale (Kags Music) et une maison de disques Sar/Derby. Il y officie en tant que producteur auprès d’artistes tels que Bobby Womack ou Billy Preston. Sam Cooke aime produire, être décideur et plus que tout, il aime les artistes.


Sam Cooke Night beat

En 1963, il engage Allen Klein, un comptable et homme d’affaire implacable, voire roublard (plus tard à la tête des intérêts des Rolling Stones aux Etats-Unis). Klein lui permet d’obtenir un nouveau contrat chez RCA et d’entrevoir sa carrière d’une façon plus audacieuse en ayant le contrôle total de ses enregistrements, notamment sur Sam Cooke Night beat.

C’est ainsi qu’en décembre 1963 sort l’album Sam Cooke Night Beat. L’œuvre surprend par son traitement instrumental, minimaliste, Cooke ayant décidé de mettre pour la première fois sa voix en avant. Le résultat est d’une efficacité frappante. La force émotive du blues désormais bien connu du chanteur est sublimée par la puissance de son interprétation.

Le disque s’articule comme un projet artistique conçu et pensé, chose remarquable quand on sait que la plupart des albums de l’époque ne sont qu’un enchaînement de singles.

Sam Cooke Night beat

L’album témoigne d’une maturité nouvelle chez Sam Cooke que le marché de la pop a formé aux succès ponctuels des 45 tours : sa voix suave, claire et éthérée, portée par des sections de cordes langoureuses, s’y joue des genres musicaux, alternant notamment gospel et pop.

Bien que Luigi Creatore et Hugo Peretti sont crédités en tant que producteurs de l’album, Cooke semble seul maitre à bord. Exit les choristes blanches. Place au Sam Cooke intimiste. L’homme se fait plaisir avec les musiciens qu’il affectionne. On oublie la machine à tube le temps de quelques sessions.

Pour d’obscures raisons, l’album cesse d’être édité peu de temps après sa sortie en septembre 1963. Il faudra attendre près de trente ans pour pouvoir savourer ce bijou remasterisé dans les règles de l’art.

Sam Cooke Night beat

Les enregistrements qui vont suivre, notamment le concert Live at the Harlem Square Club (1963), enregistré à Miami avec King Curtis, présente une face méconnue de l’artiste, moins polie, tout en raucité explosive. Sa communion avec l’audience et l’énergie qu’il y dégage pose les jalons d’un nouveau genre dont on lui attribuera à posteriori la paternité : la soul.

Sources : http://songsofsamcooke.com – www.muziq.fr – www.telerama.fr

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CRÉDITS :

Enregistré 22-25 février 1963 – RCA Studios, Hollywood, CA – RCA Records

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