Peu d’endroits dans le monde ont vu une telle créativité déferler entre ses murs en l’espace de quarante ans. Sound City, c’était un peu la Motown du rock alternatif, la caution d’un grain Rock particulier, nécessaire pour garantir l’authenticité du propos.
Difficile également d’évoquer les studios Sound City sans ceux qui en ont fait leur terrain de jeu idéal pour devenir des maîtres en la matière, à savoir les grands producteurs d’outre-Atlantique tels que Rick Rubin, Joe Barresi , Brett Gurewitz, Greg Fidleman ou des artistes développant leurs talents en production comme Trent Reznor ou James Maynard Keenan.
En 1994, la disparition de Kurt Cobain avait laissé bon nombre d’observateurs dans l’expectative de ce que pourrait devenir le rock une fois partie une de ses dernières charismatiques incarnations. Ce qui n’avait pas été envisagé à l’époque, c’est que l’un des seconds couteaux de Nirvana se révèle comme le porteur du volet musical du lourd héritage laissé par le défunt Cobain.
Si Dave Grohl n’a jamais été porté sur la chose autodestructrice, il s’est en revanche attaché à faire vivre une certaine image du propos rock, bravant envers et contre tout la vague de modernité qui s’empara du style dans les années 90 et son accouplement avec les nouvelles formes de musique et de technologie.
L’acquisition par Dave Grohl de la fameuse table de mixage Neve 8028 des mythiques studio de Sound City représente une sorte de passage de témoin entre deux époques ; le batteur de Nirvana est depuis devenu tour à tour batteur, chanteur et guitariste de groupes du haut du pavé du rock du XXIe siècle tels que les Foo Fighters, Queens Of The Stone Age ou Them Crooked Vultures et a assuré la survie d’une vision de la musique qu’incarnait à merveille le leader de Nirvana.
Pour rappel, ces studios de la banlieue de Los Angeles furent le berceau, depuis leur naissance en 1969, de l’accouchement de pépites discographiques très représentatives de chaque époque du rock : si dans les années 70 et 80 on y vit passer Neil Young, Fleetwood Mac, Grateful Dead ou Tom Petty, le début des années 90 vit les productions émergeant des studios tutoyer les sommets des charts à chaque sortie.
Ce furent surtout des disques capitaux pour l’avenir du rock et les clés de voûte du rock alternatif des vingt années qui suivirent.
Le séisme discographique Nevermind et ses 30 millions de copies vendues à ce jour, l’éponyme Rage Against The Machine, Blues For The Red Sun de Kyuss (l’un des disques essentiels dans la genèse du stoner rock), sans oublier Nine Inch Nails, les Red Hot Chili Peppers jusqu’au récent The Hunter de Mastodon…