Au-delà du folklore du jazzman maudit et tourmenté, Stan Getz laisse l’image d’un musicien au talent particulièrement varié, capable d’interprétations d’un grand classicisme comme de vibrantes audaces musicales. Artiste de pointe de la fusion entre musiques du monde et jazz, Stan Getz reste l’une des figures les plus innovantes du jazz.
Sa famille juive, d’origine ukrainienne, quitte Kiev au début du XXe siècle, au moment où les pogroms semaient leur terreur, et s’installe à Philadelphie, où naît Stanley, pas encore Stan Getz, le 22 février 1927. Quelques années plus tard, la Dépression oblige le père Gayetzsky à se déplacer à New York.
Le petit Stan, lui, se révèle un élève brillant, au point de sauter plusieurs classes et de brûler les étapes. Ses parents rêvent de le voir médecin, mais il préfère apprendre à jouer de la contrebasse à la Junior High School. Il possède une mémoire phénoménale et retient toutes les mélodies dès la première écoute.
Pour gagner l’argent qui manquait à ses parents, Stan achète des graines de tournesol en vrac, qu’il met dans des sachets de cent, et qu’il vend le dimanche, le long des allées de Croton Park.
Entre-temps, il se passionne pour le sax ténor et découvre Lester Young. À quatorze ans, il s’achète un sax pour trente-cinq dollars. Il passe huit heures par jour à jouer dans la salle de bains familiale et commence à se produire dans les bals le samedi soir, et dans les barmitsva. La musique, pour Stan, est aussi naturelle que la parole.
C’est en 1943 qu’il se choisit le nom de Stan Getz, et rencontre le plus généreux des trombonistes chanteur d’exception, le Texan le plus décontracté de l’univers jazz : Jack Teagarden, qui non seulement l’encourage, l’engage dans son orchestre, mais lui apprend la vie de musicien. Et en supplément, à lever le coude. Toute sa vie, l’alcool sera nécessaire à Stan Getz.
Malheureusement, après son séjour chez Jack Teagarden, il est engagé par Stan Kenton, grand amateur de saxophonistes, mais dont l’orchestre compte plusieurs junkies. Stan Getz expérimente l’héroïne et en devient un grand consommateur, comme le seront Art Pepper, Gerry Mulligan, Chet Baker, Lee Morgan, Miles Davis, John Coltrane et d’autres.
En 1944, pour son premier enregistrement, Stan Getz accompagne Anita O’Day, vocaliste chez Stan Kenton. « And her Tears Flowed Like Wine » se vend à plus d’un million et demi de disques.
Sa carrière démarre réellement entre 1947 et 1949, chez Woody Herman, où U forme le plus célèbre quartet de saxophones de toute rhistoire de jazz : The Four Brothers, du même nom que le thème indicatif de l’orchestre, avec trois sax ténor – S tan Getz, Zoot Sims, Herbie Stewart – et le sax baryton Serge Chaloff. On retiendra aussi l’inoubliable composition de Ralph Burns, immortalisée par les Four Brothers, « Early Autumn ». Les plus beaux riffs au saxophone jamais enregistrés…
Stan Getz participe aux grands festivals du monde avec le Jazz at the Philharmonie de Norman Granz, en 1950, époque de sa version de « Moonlight in Vermont ». Il gagne alors 1 000 dollars par semaine, qui passent directement dans l’achat d’héroïne. Il décide d’arrêter la drogue, et avale somnifères et alcool pour oublier… Un triste soir de déprime, alors qu’il est en tournée à Seattle, il attaque une pharmacie pour obtenir de la morphine. Le ooup est tellement mal préparé qu’on l’arrête à son hôtel.
Il a vingt-sept ans. Il est jugé, et condamné à six mois de prison ferme.
À sa libération, le public continue de le réclamer. Il est classé meilleur saxophoniste de l’année en 1955. Après un concert, il rencontre une richissime Suédoise, Monica Silfverskiold, dont il devient amoureux. Il abandonne femme et enfants… et aura la fâcheuse habitude d’emballer la femme des autres…
1950-1960 : il s’installe en Scandinavie, avec un point d’ancrage qu’il aime particulièrement, Copenhague, au Danemark, et un club, le Montmartre. Stan Getz y enregistrera ses derniers disques aveo la complicité du pianiste Kenny Barron. Il existe un magnifique témoignage, le coffret People Time, chez Universal Music. À l’époque, la Scandinavie est le refuge de nombreux musiciens nord-américains : Dexter Gordon, Ben Webster, Kenny Drew, Oscar Pettiford…
Bonheur suprême en 1962 : le guitariste Charlie Byrd fait découvrir à Stan Getz une nouvelle musique venue du Brésil, la bossa-nova. En piste, c’est parti… Succès mondial aux côtés d’Antonio Carlos Jobim, Joao Gilberto et Astrud Gilberto. Une belle aventure musicale qui se termine, sur le plan sentimental, par un renversement, car Astrud part avec Stan Getz. Joâo s’isole pendant plusieurs années au Mexique.
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Stan, au même moment, enregistre un album d’une grande élégance : Focus, sur des musiques d’Eddie Sauter, qui passé inaperçu comparé à la marée de tous les disques bossa-nova. En 1988, Stan Getz apprend qu’il est atteint d’un cancer du foie, et arrête toute consommation d’alcool et… du reste. Pour l’avoir vu en juillet 1990 à Jazz à Vienne, je confirme qu’il était dans une forme physique remarquable. Son duo avec Helen Merrill reste dans la mémoire de tous les chanceux présents ce soir-là au théâtre antique.
Stan Getz fut le jazzman le plus souvent invité à la Maison-Blanche, par Lyndon Johnson, et par Jimmy Carter, plusieurs fois.
Musicien tendre, au swing naturel et efficace, improvisateur de rêve : le plus grand des saxophonistes blancs. Dans la nuit du 6 juin 1991, dans sa maison de Malibu en Californie, il demande à ses proches de l’installer devant la baie vitrée face à l’océan Pacifique. Deux heures plus tard, il meurt d’une crise cardiaque. Il avait soixante-quatre ans.
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Ses cendres furent jetées à neuf miles de la côte, ainsi que son saxophone, qui l’accompagna dans son dernier voyage. Ses proches étaient dans le yacht de son ami d’enfance, le trompettiste Shorty Rodgers. Un conseil : que les anges du paradis cachent leur femme !
Pas d’accord avec le meilleur des saxophonistes blancs ! Michael Brecker est un autre immense génie du saxophone également juif et sans oublier le géant BOB BERG juif/italien !! Le créateur du saxophone « ADOLPHE SAX » est également juif et rendons à césar ce qui lui appartient si il y à quelqu’un qu’on doit nommer de « meilleur blanc du sax » c’est bien le créateur !