Avec Elephant, sorti en avril 2002, the White Stripes devient la formation rock par excellence du nouveau millénaire. Enregistré dans un minuscule studio londonien analogique, ce quatrième opus se montre à la hauteur de ses ambitions : jouer un rock garage nerveux et sec, hanté par le passé. Mi-acoustique, mi-électrique, il révèle le talent multiforme de ses auteurs qui, de Blind Willie McTell à Captain Beefheart, revisitent avec brio le glorieux passé de la musique populaire américaine, en quatorze titres impeccables, tel le single Seven Nation Army, Cold Cold Night ou You Want To Keep Her In Your Pocket.
En l’espace de trois années, le duo de Detroit s’impose sur la scène rock internationale comme l’une des formations les plus iconoclastes de sa génération. Cultivant le secret de leur relation (frère et sœur, mari et femme ou juste bons amis ?), les White Stripes se lancent le 14 juillet 1997 avec la seule idée de jouer un rock’n’roll simple et efficace orchestré par une guitare, une batterie et deux voix.
The White Stripes Elephant
Ils revendiquent pourtant des influences pour le moins classiques, qui vont des bluesmen du Delta (Blind Willie McTell et Son House) à la pop anglaise (les Kinks) en passant par le rock garage sixties (les Sonies) et quelques prestigieux aînés de leur ville natale, comme les Stooges et MC5.
Plus que de réels novateurs, ils réinterprètent avec brio l’idiome musical garage inventé au début des années 1960. Les bases de leur style sont posées dès leurs deux premiers singles. Let’s Shake Hand et Lafayette Blues, qui paraissent sur Italy Records en 1997. Ils signent ensuite sur le label indépendant Sympathy For The Record Industry, où ils publient un premier album homonyme.
Dès le début, ils utilisent une esthétique épurée rouge et blanche, empruntée au mouvement d’art abstrait néerlandais De Stijl, théorisé par Gerrit Rietveld, qui donne son titre au deuxième album, sorti en juin 2000. Jack et Meg White, le guitariste et la batteuse, poussent leur minimalisme intuitif dans ses retranchements les plus sauvages, sans l’ombre d’une basse.
Ainsi, la lutte souvent désespérée de Jack, avec sa modeste guitare Airline reste la base de la musique des White Stripes. Parfois, on entend l’instrument s’éteindre dans son ampli, dans un feedback bon marché.
White Blood Cells, le troisième album, est enregistré à Memphis. Les White Stripes suscitent alors un engouement intense, soutenu par le vidéoclip de Fell In Love With A Girt, qui les voit accepter avec malice les règles de l’industrie du disque.
Ils sont adulés, en particulier en Grande-Bretagne, dans la foulée de leurs premiers concerts britanniques estivaux. Leur performance désormais légendaire au Dirty Water Club londonien, donne naissance à l’ingénieux terme blunk, rencontre de blues et de punk.
Elephant, enregistré dans un minuscule studio londonien analogique, se montre à la hauteur de ses ambitions : jouer un rock garage nerveux et sec, hanté par le passé. “On se croirait en 1967”, remarque un Jack admiratif, en découvrant les primitives machines analogiques empilées dans un petit espace minutieusement insonorisé. Un Studer huit-pistes enregistre.
La table de mixage a été rachetée lors d’une rénovation d’Abbey Road. Le son qui sort des enceintes est caverneux. Le studio influencera à plus d’un titre le disque dont chaque morceau sera conçu comme s’il devait paraître en 45 tours.
Parfaitement inauguré par “Seven Nation Army”, le quatrième White Stripes est un projet monolithique. Sur le formidable “Hypnotize”, au départ composé pour les Hentchmen, tout est réglé en deux minutes chrono, “la parfaite distance rock’n ’roll”, rappelle Jack. C’est bien sûr cela qui reste mystérieux avec Jack White : comment un type aussi jeune fait-il pour avoir aussi bon goût ? Retrouver le fil et dérouler exactement la bonne histoire, celle qui va de Robert Johnson à Lightning Hopkins, de Gram Parsons à Loretta Lynn…
Expert en guitare, Jack déplie ses ailes sur “Bail And Biscuit”, énorme démonstration de blues électrique. Comment croire que le jeune homme qui martyrise ainsi le blues est un garçon poli, excellentes manières, qui s’acquitte de la tâche avec souplesse et efficacité ? De temps à autre, pause, tasse de thé.
Autre chose avec cet enregistrement : il est réalisé sans alcool. Jack écrit sans relâche, modifie ses textes à longueur de soirées. Meg est repartie depuis longtemps qu’il couche encore des overdubs.
La chanteuse Holly Golightly des Thee Headcoatees est un peu la muse des Stripes, ses passages au studio seront l’occasion d’enregistrer le parfait petit final, “It’s True We Love One Another”, plaisanterie country à trois voix (Jack, Meg et Holly).
Avec Elephant, sorti en avril 2002, the White Stripes devient la formation rock par excellence du nouveau millénaire, consacrée à la fois par le public et la critique.
Sources : https://jack.canalplus.com – www.qobuz.com – www.telerama.com – www.rocknfolk.com
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CREDITS :
Enregistré entre Novembre 2001 – Avril 2002 aux Toe-Rag Studios et BBC Maida Vale Studios, Londres, Angleterre
- Jack White – lead vocals, guitar, keyboards, production, mixing
- Meg White – drums, backing vocals, lead vocals and organ on « In the Cold, Cold Night », co-lead vocals on « Well It’s True That We Love One Another »
- Mort Crim – speech on « Little Acorns »
- Holly Golightly – co-lead vocals on « Well It’s True That We Love One Another »
- Liam Watson – engineering, mixing
- Noel Summerville – mastering
- « The Third Man » – artwork
- Patrick Pantano – photography
- Bruce Brand – layout